contribue à les fixer dans la mémoire des auditeurs.
Leurs formes, infiniment
variées, fortement contrastées, et qui
affectent souvent une signification en
quelque sorte plastique, s’approprient
avec autant de rigueur que d’adresse
au rôle expressif qu’ils ont à remplir.
Leurs réapparitions sont littérales et
leur enchaînement s’opère par soudures,
sans variation, développement
ni travail thématique proprement dit.
Le style symphonique qui résulte de
l’emploi intensif des L.-M., et qui est
proprement le style wagnérien, ressemble
donc à un discours dont l’éloquence
s’éclaire d’instant en instant
du rappel de certaines sentences fondamentales,
étroitement reliées entre
elles par des propositions accessoires
qui n’en sont pas le commentaire
littéral mais qui leur servent de jonction
et en préparent la répétition
nécessaire. Après Wagner, aucun compositeur,
parmi ceux mêmes qui se
déclaraient hostiles à ses œuvres et à
son système, n’a eu garde de négliger
le puissant moyen d’expression
qu’offrait l’emploi des L.-M. De tous
les maîtres français modernes V. d’Indy
est celui qui en a fait l’usage le plus
étendu mais aussi le plus personnel,
car il y a introduit des conditions de
tonalité négligées ou presque ignorées
par Wagner, ainsi qu’une appropriation
à des buts expressifs du
« travail thématique » ordinairement
réservé au style symphonique. Le
thème caractéristique de Fervaal,
dans le drame de ce nom (1897) :
est, par exemple, pressenti sous cette
forme rythmiquement et mélodiquement
altérée, à la fin du prologue,
alors que le héros, blessé, est emporté
sur une civière :
Dans la musique instrumentale, à programme, le L.-M., largement employé aujourd’hui, conserve l’acception que lui donnait Berlioz dès 1828. La symphonie de Rimsky-Korsakow, Antar (op. 9) offre un des plus beaux exemples de la double signification, expressive et thématique, donnée au motif conducteur, dans une œuvre purement instrumentale.
Lento, adv. ital., = lentement. Indication d’un mouvement un peu plus lent que l’adagio et sensiblement égal au largo.
Lesson, n. n. angl., = leçon, employé par les compositeurs et les éditeurs anglais des xviie et xviiie s. comme titre de suites instrumentales. On le trouve placé en 1611 en tête d’un recueil de pièces concertantes pour six instruments, de divers auteurs, rassemblées par Thomas Morley. Le livre posthume d’œuvres de Purcell pour le clavecin, publié en 1696, porte le même titre et contient huit suites de chacune 4 ou 5 pièces. Au siècle suivant, une édition anglaise de sonates et exercices de D. Scarlatti fut intitulée Lessons for the harpsichord. L’emploi pédagogique des pièces contenues dans ces différents recueils semble expliquer l’usage de ce terme, qui fut abandonné au xviiie s.
Lettre, n. f. Caractère de l’alphabet. Les nuits premières lettres de l’alphabet désignent les notes de la gamme dans la notation alphabétique, et dans le vocabulaire musical qui lui a survécu en Allemagne et en Angleterre. Le titre de Fugue sur le nom de Bach qui peut paraître étrange à des Latins, s’explique donc par le fait que les lettres B-A-C-H désignent les notes appelées, dans la terminologie guidonienne usitée en France et en Italie, si bémol, la, ut, si naturel. (Voir Notation alphabétique.) Outre ce cas et quelques autres semblables, l’emploi des lettres est universel comme point de repère dans une exécution collective, ou comme signes abréviatifs. Cette dernière acception est constante depuis le moyen âge. Déjà les manuscrits neumatiques exécutés au monastère de Saint-Gall sous l’inspiration du chantre Romanus (ixe s.), contenaient des « L. significatives », qui s’interprètent en général comme les initiales des mots qu’elles représentaient : a = altius, l = levatur, c = celeriter, e = equaliter, etc. Lorsque, beaucoup plus tard, on commença de marquer sur les pièces de musique notée les nuances d’inten-