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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/254

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mot, par catachrèse, désigne quelquefois la mélodie elle-même. Mais les applications en dehors de l’art de l’antiquité sont tellement incertaines, qu’on entend d’autre part les amateurs l’appliquer aux chants qu’ils accusent de « manquer de mélodie ».

Mélophone, n. m. Jeu d’orgue à bouche plus communément appelé flûte harmonique ou Harmonica.

Méloplaste, n. m. Procédé d’enseignement inventé, a-t-on dit, par Gallin († 1822), et vulgarisé par son élève Geslin en 1825. * Il consiste à rendre sensible à l’œil de l’élève les distances des tons et demi-tons qui séparent chaque degré de la gamme, par le moyen de lignes, horizontales comme celles de la portée, mais distantes entre elles comme le sont les divers intervalles. En réalité, ce système d’enseignement, moins le nom, se trouve dans nombre de méthodes de chant du moyen âge et est encore préconisé en 1749 par Lebeuf. La méthode du M., depuis longtemps oubliée, obtint un succès de vogue pendant quelques années et se répandit surtout en Angleterre.

Mélothérapie, n. f. Emploi thérapeutique de la musique. Les auteurs du moyen âge et de la Renaissance accordaient une entière créance au pouvoir curatif de la musique dans les affections nerveuses ou mentales, et ne se lassaient pas de citer les exemples de Saül ou d’Eric, roi de Danemark. La science moderne se refuse à codifier les résultats des expériences accomplies par Dogiel (1880), Binet et Courtier (1896), dans le domaine de la circulation, par Féré (1891-1902), dans celui des excitations auditives, par Ingegnieros (1907), dans l’étude des troubles hystériques. L’avantage que l’on peut retirer de l’emploi de la musique dans le traitement de certaines névropathies apparaît comme certain, mais, résument Dupré et Nathan, « les indications de cette thérapeutique échappent à tout formulaire et ne peuvent être tirées que de l’étude approfondie de chaque cas individuel ».

Membrane, n. f. Feuille de parchemin, faite d’une peau d’animal mince et flexible, tendue parfaitement sur un cadre léger ou sur un cylindre ou un bassin creux, et entrant en vibration sous l’impulsion d’un choc léger. Le tympan de l’oreille et les appareils producteurs du son chez les cigales offrent des exemples naturels de M. vibrantes. On utilise ce principe en physique pour l’étude des lignes nodales et, dans la construction des instruments de musique, pour les tambours de tous modèles. Les dimensions de la M. et son degré de tension règlent, dans ces instruments, la hauteur du son, qui s’élève à mesure que le diamètre se rétrécit ou que la tension s’exagère. Une mince plaque de bois ou de mica remplace la membrane dans le phonographe et ses dérivés.

Mémoire, n. f. Faculté de l’esprit, qui permet de conserver les souvenirs. La possession d’une bonne M. est « chose excellente pour tous les musiciens, importante pour chacun et d’absolue nécessité pour d’autres ». La sensibilité et la sûreté de la M. sont en rapport direct avec la faculté d’attention et de concentration de l’attention sur l’objet voulu. L’expérience a démontré que le travail de mémorisation est celui qui exige le plus de tension d’esprit et qui produit le plus vite un état de fatigue. La M. auditive proprement dite, qui permet de reconnaître et de nommer ou de reproduire sans transposition un son isolé de l’échelle, n’existe que chez les musiciens exercés ; à un degré moins rigoureux et qui consiste à reconnaître une voix, un signal, d’après le timbre du son, elle est au contraire commune chez l’homme et les animaux ; appliquée à des séries de sons, la M. musicale s’appuie sur le sentiment du rythme. On remarque que les enfants et les chanteurs populaires arrivent souvent très vite à retenir et reproduire « en mesure » un motif proposé, tout en altérant l’ordre des intervalles mélodiques. L’enfant qui « retient bien les airs » inspire facilement à des parents complaisants des illusions vaines sur ses « dispositions musicales ». Dans l’exécution instrumentale, la M. auditive est secondée par la M. motrice, qui rappelle mécaniquement les gestes accomplis ; elle trouve parfois encore un point d’appui dans la M. visuelle, qui suggère le souvenir d’un détail de notation. L’exécution de M. a été longtemps exigée dans le chant liturgique. Durant les premiers siècles de la chrétienté, le chef de chœur avait seul sous les yeux le livre contenant le texte, noté ou non, des parties chantées de l’office, que sous sa direction les chantres exécutaient « par cœur » : le travail de mémorisation était réduit par le fait qu’un grand nombre de textes s’adaptaient aux mêmes formules mélodiques. Cet usage se maintint fort tard. Les églises cathédrales ou collégiales de Lyon, Rouen, Sens, Vienne, exigeaient encore de leurs chantres