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ainsi furent les premiers à reprocher à R. Wagner l’art de la M. « continue », où ils ne pouvaient plus distinguer les coupes et la carrure qui leur étaient chères. En réalité, s’il y a souvent dans les œuvres de Wagner beaucoup plus de mélodie réelle et expressive que dans celles de l’époque précédente, ce que les amateurs appréciaient, c’était la M. à découvert, et simplement soutenue d’un accompagnement. Mais la M. wagnérienne a réussi à briser les moules conventionnels, et c’est à qui, parmi les musiciens venus depuis lors, écrira le plus librement possible, quitte à aller à l’extrême en ce sens. En même temps, le retour aux modalités archaïques joint à la recherche de modes nouveaux, l’étude des formes et des rythmes de diverses écoles anciennes ont contribué à constituer aux compositeurs modernes un fonds inépuisable de richesse nouvelle, qui a rénové la M. dans des voies ignorées jusqu’alors, en fondant les divers éléments épars jusqu’ici dans les diverses formes et style de la musique, et que l’inspiration contemporaine arrive à réunir dans un tout harmonieux. || 2. On donne en France depuis le xixe s., le nom de M. aux petites compositions de musique de chambre à voix seule avec accompagnement, que, selon le genre et l’époque, on a appelées chansons, cantatilles et romances, et que la langue allemande réunit sous le nom de Lied. Le titre de M. a commencé d’être employé pour la traduction française des Lieder de Schubert.

Alors que, vers 1830-1860, on ne faisait guère encore usage que du titre de Romance, pour la publication de ces petits ouvrages, par feuilles détachées ou par « albums », cet exemple fit rapidement adopter le terme moins étroit de M. En même temps se releva singulièrement le niveau artistique de ces pièces. Les couplets, moins nombreux, reçurent une interprétation plus variée, principalement dans l’accompagnement, dont le rôle se développa peu à peu, jusqu’à offrir un intérêt égal à celui du chant. Berlioz intitule depuis 1835 ses œuvres en ce genre M.

Le répertoire moderne de la M. française est considérable en nombre et en valeur artistique.

Par recueils de 20, de 25, ont été publiées les M. de Gounod, de Massenet, de Saint-Saëns. Au premier rang du répertoire moderne brillent les M. de Fauré, de Duparc. Chausson, Debussy, d’Indy se sont illustrés dans ce genre. (Voy. Chant, Chanson, Déclamation, Lied, Romance.)

Mélodieusement, adv. D’une manière mélodieuse, agréable à l’oreille.

Mélodieux, se, adj. 2 g. Qui charme l’oreille par des sons enchaînés d’une manière attrayante et aisément saisissable.

Mélodique, adj. Qui appartient à la mélodie. Qui concerne une série de sons ou d’intervalles entendus successivement, par opposition à harmonique, qui exprime leur réunion simultanée.

Mélodiquement, adv. Se dit de sons disposés successivement et non simultanément.

Mélodiste, n. m. Celui qui excelle à composer des mélodies.

Mélodium, n. m. L’un des noms qu’on appliqua aux premiers types de l’instrument nommé depuis harmonium.

Mélodrame, n. m. Sorte de spectacle consistant en un monologue joué et parlé, soutenu par la musique discrète d’un orchestre. Le premier modèle en fut donné par J.-J. Rousseau, dans son Pygmalion (1762) qui excita une grande curiosité et, plus tard, de longues controverses, d’où il résulta que l’auteur de la partition était Horace Coignet, sauf pour deux morceaux de Rousseau lui-même. Après Rousseau, le genre fut cultivé en Allemagne par Georges Benda, dont les M. intitulés Ariane (1774) et Médée (1777) furent longtemps célèbres. À une époque récente, ce genre oublié a été renouvelé en des proportions réduites, sous le titre d’Adaptation (Voy. ce mot.) Quelques-uns des premiers opéras italiens avaient été appelés Melodramma per musica. De nos jours, le M. est un drame populaire, d’où la musique a presque entièrement disparu. || Courte pièce instrumentale se jouant au théâtre pendant une scène parlée. (Voy. Adaptation, 2, Musique de scène, et Pantomime.)

Mélomane, n. 2 g. Personne qui raffole de musique.

Mélomanie, n. f. Amour de la musique, poussé jusqu’à l’excès. Un opéra-comique de Champein, La Musicomanie (1781) suivi de La Mélomanie, de Audinot, a raillé ce ridicule, alors fréquent.

Mélopée, n. f. Sorte de déclamation musicalisée en usage chez les Grecs et dont le nom a été quelquefois appliqué à des récitatifs mélodiques de formes libres ou vagues. Le même