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ou au-dessous de la note principale. L’A. peut se faire dans plusieurs parties à la fois de la composition harmonique, où elle est utilisée pour la préparation d’un accord dissonant, la liaison de deux intervalles, l’introduction de notes de passage étrangères à l’harmonie. Les théoriciens permettent tous les intervalles défendus, lorsqu’ils sont formés par deux notes dont la dernière est une A., et ils enseignent à pratiquer les changements d’accords sur la résolution de l’A., mais les compositeurs contemporains vont beaucoup plus loin et suppriment la résolution. || On donne parfois le nom d’A. double à un mordant composé de deux petites notes qui précèdent la note principale en l’enveloppant :


melody=\relative c''
{
\key bes \major
\clef treble
\time 4/8
\partial 16 e32 g
f16 [e32 g] f16 [e32 g] f8. [d16]
}
\score {
    \new Staff  <<
      \new Voice  { \melody }
    >>
  \layout {
    \context { \Staff 
               \RemoveEmptyStaves 
               \remove "Time_signature_engraver"
             }
    indent = 0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
}
\header { tagline = ##f}
(Beethoven, 8e Symphonie.)

Appuyer, v. tr. donner plus d’intensité à un ou plusieurs sons que l’on veut faire ressortir dans la phrase musicale. Les notes appuyée sont désignées par l’abrév. Sf (sforzando) ou par des signes en forme de petits soufflets verticaux ou horizontaux Λ > ou de petits traits — — —.

À première vue, a prima vista. Voy. Lecture.

Arbitrio, n. m. ital. Sorte de cadence ou point d’orgue que les chanteurs italiens du xviiie s. introduisaient à leur gré dans les airs. L’abus en était devenu intolérable au temps de Tosi, qui blâme les chanteurs de faire arrêter l’orchestre pour exécuter un A. appris par cœur ou dérobé à un rival habile.

Archet, n. m. Baguette garnie d’une mèche de crins dont le frottement met en vibration les cordes du violon ou des instruments de la même famille.
Archets.
Connu dans l’Extrême-Orient depuis une haute antiquité et perfectionné par les Arabes, mais ignoré des civilisations gréco-latines, l’A. pénétra dans l’Europe occidentale vers le viiie ou ixe s. avec le rebec (voy. ce nom). Sa forme demeura longtemps celle de l’arc qui lui a donné son nom et se modifia lentement par allongement et par le redressement que permit l’addition d’une hausse ou pièce rapportée, servant à attacher les crins à l’extrémité inférieure.

Au xvie s., la hausse fut munie d’une crémaillère permettant d’augmenter ou de diminuer la tension des crins. Moins rapides que ceux de la lutherie, les progrès de l’A. furent déterminés par ceux de la musique elle-même, qui, devenant plus variée, plus riche et plus nuancée, exigeait des moyens d’exécution plus délicats et plus dociles. Le violoniste Tartini, vers 1740, leur donna une impulsion décisive en exigeant une baguette plus longue et plus légère, marquée de cannelures à sa base, de façon à ne point tourner dans la main. Tandis que l’art de la construction des instruments à cordes avait atteint en Italie son apogée, c’est en France que la facture des A. fut portée à son point de perfection. Tourte le père, établi à Paris vers 1740, passe pour avoir le premier remplacé la crémaillère par une vis à pression faisant avancer ou reculer la hausse pour tendre la mèche à volonté. Son fils François, dit Tourte le jeune (1747-1835), fixa définitivement la longueur des A., pour le violon à 0 m. 74 ou 0 m. 75, pour l’alto à 0 m. 74, pour le violoncelle à 0 m. 72 ou 0 m. 73. Il inventa le recouvrement par une place de nacre de l’extrémité de la mèche attachée à la hausse, et la virole métallique servant à établir régulièrement les crins ; il choisit entre toutes les essences le bois de Fernambouc, ou bois de Brésil, importé jusque-là comme matière tinctoriale et dont il découvrit les qualités de résistance et d’élasticité ; il détermina enfin les règles de l’amincissement progressif de la baguette, de sa cambrure, obtenue au feu, de son diamètre et de l’équilibre de poids entre ses différentes parties, avec une telle précision, que ses modèles furent universellement recherchés, imités et rarement sinon jamais égalés. Les quatre figures ci-jointes représentent la forme de l’A. au temps de Virdung (1511), de Kircher (1650), de Tartini (vers 1740), et de Tourte jeune et Viotti (fin du xviiie s.). Le maniement de l’A. forme une partie essentielle du jeu des instruments à cordes, où il correspond au toucher dans le jeu du piano. L’intensité du son et les nuances du phrasé et de l’expression en dépendent uniquement : aussi les grands virtuoses y ont-ils toujours attaché une importance primordiale. Tartini a intitulé L’Art