maxime , la longue , la brève , la semibrève , la minime , la semiminime , la fusa , et la semifusa , avec autant de pauses correspondantes, sont régies par le temps parfait (ternaire) ou imparfait (binaire), que des signes de mesure déterminent : le cercle complet pour le temps parfait, le demi-cercle pour l’imparfait. Le point qui s’ajoute parfois aux notes revêt, à son tour, des acceptions différentes selon les circonstances de son emploi. Des cas particuliers sont produits par les règles variées et souvent embrouillées de l’altération (qui double la valeur de la brève, de la semibrève ou de la minime), de l’imperfection (qui transforme en valeur binaire une valeur ternaire), de la syncope (qui décompose une valeur), de l’augmentation et de la diminution (qui transforment une valeur en une valeur voisine). À ce système surchargé, Philippe de Vitry ajoute l’emploi de figures de notes tracées à l’encre rouge au milieu de la notation noire ordinaire, et qui ont pour office tantôt d’indiquer un changement de rythme, tantôt de transporter un ou plusieurs sons à l’octave supérieure, tantôt de différencier le cantus planus du cantus mensuratus, et tantôt encore de signaler la transformation parfaite ou imparfaite d’une note. Pour s’adapter à tous les cas rythmiques, les signes de mesure se multiplient : le cercle reçoit un point au milieu, ou un trait vertical, le demi-cercle est tourné à droite ou à gauche, avec ou sans point ou trait ou avec le chiffre 2. Le manuscrit de chansons françaises de la fin du xive s. du Musée Condé, à Chantilly, offre une des plus complètes réunions des complications de cette N. Dans la seconde moitié du xive s., se répandirent les notes « vides » — notae vacuae — laissées blanches au lieu d’être rouges, tandis que quelques auteurs, au contraire, préfèrent employer plusieurs couleurs : vert, bleu, etc. Au milieu du xve s., la N. s’achemine rapidement vers une révolution qui se trouve accomplie avant la fin du siècle. La N. noire fait place à la N. blanche. On adopte la série des notes vides :
et l’on ne se sert plus des notes noires
de même forme que pour indiquer,
dans le cours du morceau, des changements
ou des diminutions de rythme.
La tendance à se servir de figures de
moindre valeur s’accentue ; on ajoute
au premier un second et un troisième
crochet ; on inscrit la queue de la brève
indifféremment au-dessus et au-dessous.
Les ligatures survivent en formes
évidées et soumises à des calculs compliqués.
On y ajoute l’invention de
figures de notes à demi évidées, à demi
pleines, qui ont pour but d’exprimer
de combien la valeur d’une note se
trouve accrue ou réduite, selon qu’elle
est employée sous la mesure parfaite
ou imparfaite. Les signes de mesure
se propagent, mais se multiplient,
toujours sur la base du cercle et du
demi-cercle munis ou non d’un point
central et précédés ou non de traits
verticaux. Le traité de Lanfranco
en réunit 16 en un tableau. C’est un
minimum. D’autres tableaux en contiennent
24. Les signes de mesure si
nombreux répondent aux subtils calculs
rythmiques du principe impair, ou
ternaire, appelé perfection, et pair, ou
binaire, dit imperfection. Ils dérivent
soit du cercle complet, qui est l’emblème
de la perfection, soit du demi-cercle,
celui de l’imperfection. Expert
suppose que certaines modifications
des signes (la barre verticale traversant
le demi-cercle, etc.) ont une
signification de mouvement plus ou
moins accéléré. Comme à toutes les
époques, les inventions et les perfectionnements
particuliers viennent jeter
tantôt un peu de clarté et tantôt plus
de confusion encore dans le dédale.
Les théoriciens du xvie s. se critiquent
les uns les autres. Entre ces inventions
particulières était apparue isolément,
dès le xve s., la barre de mesure,
empruntée aux tablatures, et qui
a pour but, dans la polyphonie vocale,
de marquer la coïncidence des temps
entre les parties. La N. moderne était
créée : il suffisait d’y ajouter, comme
autrefois aux neumes, les signes supplémentaires
et les lettres, indications
de nuances et de mouvements ; ce fut
l’œuvre principalement du xviie s.
Depuis cette époque, la N. dont nous
nous servons est fixée ; elle a subi seulement
de légères modifications, telles
que la suppression des clefs variées
avec lesquelles on notait autrefois les
diverses voix. (Voy. Voix.) || N. en relief
(pour les aveugles). * Il y eut de bonne
heure des artistes aveugles : Francesco
Landini, à Florence, au xive s. ; Ant.
de Cabezon, à Madrid, au xvie s., comptent
parmi les maîtres fameux. Mais
nous ignorons ce qu’était pour eux la
N. de la musique. Rameau s’était
préoccupé de l’enseignement musical
des aveugles. Il propose un système
de portée de bois ou de métal, sur les
cinq lignes de laquelle on attache, au
moyen de crochets, des notes et tous
les signes nécessaires (Code de musique