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pas nécessairement par des compositions sortant toutes faites du cerveau du musicien : elle donne ordinairement une matière musicale, plus ou moins parfaite, que le travail, soit purement mental, soit fait la plume en main, peut seul mettre au point en la perfectionnant, en la modifiant de diverses manières. L’étude des cahiers d’esquisses de Beethoven est particulièrement intéressante à ce point de vue. (Voy. Inspiration, Développement et Variation.)

Travaillé, part. employé adj.  *Se dit d’une pièce musicale dont les détails sont très fouillés, ou dont le développement est particulièrement soigné.

Traversière, adj. qual. * Qualificatif ancien de la forme de flûte seule usitée de nos jours à l’orchestre, tandis que la flûte droite était principalement usitée autrefois. (Voy. Flûte.)

Tre corde, litt. = trois cordes. (Voy. Tutte corde.)

Treble, n. m. Au moyen âge, nom français de la partie aiguë d’une composition à trois voix. C’est la traduction du mot triplum, triple. Ce mot, abandonné en France, s’est conservé dans la langue anglaise, où l’on dit treble pour dessus.

Treizième, n. f. Intervalle de 13 degrés, redoublement de la sixte, formé d’une octave et une sixte.

Tremblant, n. m. Organe de l’orgue ou de l’harmonium. Appareil en forme de soupape ou de roue à ailes en éventail, placé dans l’intérieur de la voie d’air et qui, mû par certains ressorts, ne permet le passage du vent que par saccades. Il produit la sonorité particulière de certains jeux d’orgues appelés Voix humaine, Vox humana, Unda maris, Éolienne, dans lesquels on produit intentionnellement des battements, c’est-à-dire un chevrotement ou un tremolo perpétuels, plus ou moins accentués. Il arrive ainsi qu’en prétendant imiter de plus près le timbre de la voix humaine, on communique au son le pire défaut d’une voix, le chevrotement. Aussi l’emploi de ces jeux est-il repoussé par la raison et le goût.

Tremblement, n. m. Nom donné par les musiciens français du xviie et du xviiie s., à des « agréments » assez dissemblables, du genre du trille. D’après Mersenne (1636), il se notait, dans la musique de luth, par une virgule placée après la note, et s’exprimait par une inflexion à la seconde supérieure avec retour au son principal, ce qui est exactement le mordent des Italiens. La caractéristique du tremblement était qu’il « commençait par la note accidentelle ». Marpurg, en le notant, lui donne pour traduction ou pour synonyme l’ital. trillo. Les signes +le désignent.

L’Affilard (Principes, 1635) appelle tremblement subit un très court tremolo ou vibrato amenant le son final. Le Bègue (1677) en fait le synonyme de cadence et le marque par le signe en lui donnant pour effet le trille à la note supérieure. D’Anglebert (1689) lui conserve cette acception et le distingue de la cadence, trille précédé d’un grupetto ; il le divise en tremblement simple, tremblement appuyé précédé d’un léger arrêt sur la note supérieure, tremblement et pincé, tremblement auquel succède une inflexion à la note inférieure, formant grupetto. Chez Couperin (1717), le tremblement, trille à la note supérieure, s’oppose au pincé, trille à la note inférieure. (Voy. Trille, Mordent.)

Tremblé. Voy. Tremolo.

Tremolando, adj. ital.: en pratiquant le tremolo.

Tremolo, n. m. ital. Répercussion rapide du même son. (Voy. Strophicus.) Cette formule appartient presque en propre aux instruments à archet, l’effet en étant dû au mécanisme même de l’archet, et impossible à reproduire fidèlement sur d’autres instruments. On distingue le trémolo mesuré, dont la vitesse d’articulation est fixée par la notation, et le trémolo proprement dit, qui est un frémissement aussi vif que possible sans division rythmique précise. On le note en traversant la queue de la note à répéter. d’un nombre de petites barres proportionné au degré de vitesse du mouvement et du tremolo à exécuter. Le tremolo prolongé pour les instruments à cordes est employé dans un sens d’effet dramatique par Monteverde en 1624 dans Il combattimento di Tancredi e Clorinda : les cordes réunies jouent en tremolo l’accord de sol majeur pendant que le ténor s’écrie Tornano al ferro. On trouve le même effet dans les Madrigali guerrieri du même (1638) : un tremolo à la basse instrumentale accompagne l’idée de terreur exprimée par la voix de basse. En dehors des instruments à archet, ce nom s’appliquait anciennement chez les auteurs italiens au trille. Diruta, qui résume en 1593 les procédés de l’organiste et cembaliste Merulo, désigne sous le nom de tremoli diverses formes de trilles supérieur et inférieur et plus ou moins prolongées, selon la