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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/58

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thème et indique par des signes et des devises la manière de le résoudre ; le C. est dit, en ce cas, fermé ; il est ouvert lorsqu’on l’a résolu et mis en partition. La notation sur portée unique fixe par une série de clefs le nombre des voix, l’ordre dans lequel elles doivent se succéder et le degré sur lequel elles doivent prendre leur point de départ ; le lieu de leur entrée est marqué par un signe communément tracé en forme de §, ou, dans les ouvrages anciens, par une volute analogue au point d’interrogation, ou par un petit trait vertical, simple ou double. La devise complétait ces indications. Les anciens contrepointistes se plaisaient à la rédiger en termes sentencieux et souvent humoristiques : « Vous jeûnerez les quatre temps » signifiait l’obligation pour le conséquent de laisser passer quatre unités de temps avant de suivre l’antécédent ; « Qui se exaltat humiliabitur » (celui qui s’élève sera abaissé) prescrivait le renversement du thème ; « Crescit in duplo » ordonnait à la seconde voix de procéder par augmentation, en doublant de valeur chaque note, etc. Ces jeux, rangés parmi les « artifices des Néerlandais », parce qu’en effet les maîtres franco-belges s’y sont complu, ne doivent pas être jugés avec dédain ; ils étaient l’équivalent de ces « récréations mathématiques » où s’aiguise parfois la curiosité des savants, et Fétis a eu raison de dire qu’il n’est « pas inutile de s’y exercer, car on y apprend à se familiariser avec une foule de combinaisons qui donnent plus d’activité à la conception musicale ». — Le C. double est formé par la réunion de deux C. simples. Les C. comprenant un grand nombre de voix étaient connus dès le xve s. C’est par la superposition de neuf C. à trois voix, sous la devise « Novem sunt Musæ », que Jean de Ockeghem († 1495) a construit le motet à 36 voix, célébré par ses contemporains. La même disposition se retrouve chez Valentini (1631), qui a écrit aussi un C. à 96 voix en 24 chœurs. Mais ces œuvres ne font qu’étager les renversements de l’accord parfait. On cite un C. triple à 8 voix en deux chœurs, de P. Agostini († 1629), un C. à 32 voix, de Berardi (1687). Beaucoup de maîtres illustres ont composé des C. pour les voix ou les instruments. Bach en a placé toute une suite dans son Air avec 30 variations, pour le clavecin. Haydn avait fait encadrer et suspendre dans sa chambre les feuillets sur lesquels il avait tracé ses meilleurs C. Cherubini, qui en composait volontiers, a résolu tous ceux que le P. Martini avait fait graver dans les vignettes de son Histoire de la Musique. Beethoven, dans ses heures de jovialité, a écrit plusieurs C. pour ses amis. Chanter des C. en chœur était un plaisir jadis fort goûté dans les réunions intimes, en Angleterre et en Allemagne, et qui occasionna la publication de « Canons de Société » en recueils. || 2. Les théoriciens de la Renaissance ont parfois donné le nom de C. harmonique au monocorde servant à mesurer les intervalles musicaux. || 3. Pièce d’artillerie, dont les détonations ont été employées dans quelques œuvres musicales, entre autres dans un motet d’André Rauch (1648), dans le Te Deum'' de Sarti (1755), dans l’Hymne au peuple français, de Rossini, composé pour l’Exposition de 1867. D’autres musiciens se sont contentés d’en imiter le bruit par des coups de grosse caisse : Berlioz, dans la Marche hongroise de La Damnation de Faust (1848), Bizet, dans l’Ouverture de Patrie (1872), etc. C’est sur le son du canon qu’ont été basées les premières expériences sur la propagation des ondes sonores à longue distance, effectuées par les membres de l’Académie des Sciences, en 1738. Les observations recueillies pendant la guerre de 1914-1918 ont apporté des faits nouveaux à la science de l’acoustique.

Canonique, adj. Qui appartient au style de composition du canon.

Cantabile, adj. ital. dont la traduction serait « chantable », mais qui s’interprète par « chantant », et sert à caractériser un morceau où prédomine la mélodie et dans lequel l’exécutant doit s’attacher à mettre celle-ci en relief. On en a fait un titre de morceau, que César Franck a donné à l’une de ses plus belles pièces d’orgue (1878).

Cantando, part. prés. du v. tr. ital. cantare = chanter ; en chantant ; s’emploie pour recommander à l’exécutant de faire ressortir le chant, la mélodie.

Cantate, n. f. Composition à une ou plusieurs voix, avec accompagnement, destinée à la chambre, au concert ou à l’église. Elle succéda en Italie au madrigal (voy. ce mot). Allessandro Grandi fut apparemment le premier qui se servit du mot cantada pour désigner trois morceaux de son recueil de Cantade et Arie a voce sola, dont la 2e édition parut à Venise en 1620. Les pièces auxquelles il donne ce titre comprennent chacune de cinq à neuf parties successives. En 1624,