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nombre considérable de manuscrits qui avaient appartenu ci-devant au chancelier Seguier. Les bibliothèques particulières qui jouissaient de quelque réputation avant la révolution, soit pour le nombre, soit pour la qualité des livres, étaient celle de Sainte-Geneviève, à laquelle avait été réuni le riche cabinet de médailles, que feu M. le régent avait formé ; celle de Sorbonne, du Collége de Navarre, des Prêtres de l’Oratoire et des Jacobins[1]. Celle de Falconnet, très-précieuse par le nombre et le choix des volumes, pouvait être mise au rang des bibliothèques publiques, puisque les gens de lettres avaient la liberté d’y aller faire les recherches dont ils avaient besoin. Celle de De Boze était peut-être la plus riche collection qui ait été faite de livres rares et précieux dans les différentes langues ; elle était encore recommandable par la beauté et la bonté des éditions, ainsi que par la propreté des reliures. Si cette attention est un luxe de l’esprit, au moins c’en est un qui fait autant d’honneur au goût du propriétaire que de plaisir aux yeux des spectateurs. Nous ne devons pas passer sous silence la bibliothèque de M. Gaignat, dont le catalogue est en deux volumes, faisant suite à la Bibliographie instructive de Debure. Cette bibliothèque, célèbre par la rareté et la beauté des éditions qu’on y trouvait, était composée, à la vente, de trois mille cinq cent quarante-deux articles, et a rapporté une somme de deux cent vingt-trois mille deux cent cinquante livres trois sous ; la vente s’en est faite en 1769. La bibliothèque de M. le duc de la Vallière était bien plus

  1. Les bibliothèques des maisons religieuses, des communautés ecclésiastiques et de quelques autres corporations supprimées, dans le département de la Seine seulement, se montent à 800,000 volumes à peu près. Que l’on juge, d’après cela, de l’immense quantité de livres que la révolution a mis à la disposition du gouvernement dans toute l’étendue de la république.