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nombreuse : le catalogue a deux parties ; la première, qui renferme les livres rares, a été faite par Debure ainé, en trois forts volumes in-8 : elle contient 5 668 articles, qui ont rapporté 454,677 liv. 8 sous. Cette vente a eu lieu depuis le 12 janvier 1784, jusqu’au 5 mai suivant ; la seconde partie, faite par Nyon l’aîné, en 6 gros volumes in-8, renferme 26,687 articles : elle a été vendue entièrement au marquis de Paulmy, qui l’avait réunie à sa superbe bibliothèque, qui a été achetée par le comte d’Artois. Passons maintenant à la bibliothèque nationale que l’on regarde comme la plus riche et la plus magnifiqne qui ait existé. Son origine est assez obscure ; formée d’abord d’un nombre peu considérable de volumes : il n’est pas aisé de déterminer à quel roi de France elle doit sa fondation. Ce n’est qu’après une longue suite d’années et diverses révolutions, qu’elle est enfin parvenue à ce degré de magnificence, et à cette immensité, qui la placent au premier rang. Quand on supposerait qu’avant le 14e siècle les livres des rois de France ont été en assez grand nombre pour mériter le nom de bibliothèques, il n’en serait pas moins vrai que ces bibliothèques ne subsistaient que pendant la vie de ces princes : ils en disposaient à leur gré, et, presque toujours dissipées à leur mort, il n’en passait guère à leurs successeurs que ce qui avait été à l’usage de leur chapelle. Saint Louis, qui en avait rassemblé une assez nombreuse, ne la laissa point à ses enfans ; il en fit quatre portions égales, non compris les livres de sa chapelle, et la légua aux jacobins et aux cordeliers de Paris, à l’abbaye de Royaumont et aux jacobins de Compiègne. Philippe-le-Bel et ses trois fils en firent de même. Ce n’est donc qu’aux règnes suivans que l’on peut rapporter l’établissement d’une bibliothèque royale, fixe, permanente, destinée à l’usage du public, en un mot, comme inaliénable, et comme une des plus précieuses portions des meubles de la couronne. Charles V, dont les