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acquisitions qu’il faisait de temps en temps. Cette bibliothèque resta à peu près dans le même état jusqu’au règne de Charles VII, pendant lequel, par une suite des malheurs dont le royaume fut accablé, elle fut totalement dissipée, du moins n’en parut-il aucun vestige. Louis XI, dont le règne fut plus tranquille, donna beaucoup d’attention au bien des lettres : il eut soin de rassembler, autant qu’il le put, les débris de la librairie du Louvre ; il s’en forma une bibliothèque[1], qu’il augmenta depuis des livres de Charles de France, son frère, et, selon toute apparence, de ceux des ducs de Bourgogne, dont il réunit le duché à la couronne. Charles VIII, sans être très-instruit, eut du goût pour les livres : il en ajouta beaucoup à ceux que son père avait rassemblés, et surtout une grande partie de la bibliothèque de Naples, qu’il fit apporter en France après sa conquête. On distingue encore aujourd’hui, parmi les livres de la bibliothèque nationale, ceux des rois de Naples et des seigneurs napolitains, par les armoiries, les souscriptions, les signatures, ou quelques autres marques. Tandis que Louis XI et Charles VIII rassemblaient ainsi le plus de livres qu’il leur était possible, les deux princes de la maison d’Orléans, Charles et Jean, comte d’Angoulême, son frère, revenus d’Angleterre, après plus de 26 ans de prison, jetèrent, le premier à Blois, et le second à Angoulême, les fondemens de deux bibliothèques, qui devinrent bientôt royales, et qui firent oublier la perte que l’on avait faite par la dispersion des livres de la tour du Louvre, dont on croit que la plus

  1. En 1471 ce roi, voulant mettre dans cette bibliothèque une copie du livre du médecin arabe Rases, emprunta l’original de la Faculté de médecine de Paris, et donna pour sûreté de ce manuscrit, douze marcs d’argent, vingt livres sterlings et l’obligation d’un bourgeois pour la somme de cent écus d’or. Les temps ne sont plus les mêmes, ni pour les rois, ni pour les livres.