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trésors littéraires consistaient en un fort petit nombre de livres qu’avait eu le roi Jean, son prédécesseur, est celui à qui l’on croit devoir les premiers fondemens de la bibliothèque nationale d’aujourd’hui. Il était savant, et son goût pour la lecture lui fit chercher tous les moyens d’acquérir des livres ; aussi sa bibliothèque fut-elle considérablement augmentée en peu de temps. Il la logea dans une des tours du Louvre, qui, pour cette raison, fut appelée la Tour de la librairie. Afin que l’on pût y travailler à toute heure, il ordonna qu’on pendît à la voûte trente petits chandeliers et une lampe d’argent. Cette bibliothèque[1] était composée d’environ 910 volumes, nombre remarquable dans un temps où les lettres n’avaient fait encore que de médiocres progrès en France, et où, par conséquent, les livres devaient être assez rares. Ce prince tirait quelquefois des livres de sa bibliothèque du Louvre, et les faisait porter dans ses différentes maisons royales. Charles VI, son fils et son successeur, tira aussi de sa bibliothèque plusieurs livres qui n’y rentrèrent plus ; mais ces pertes furent réparées par les

  1. On prétend qu’on y voyait des traductions d’Aristote, de Tite-Live et de Valère-Maxime. La plupart des livres étaient couverts de riches étoffes et enluminés avec soin : on les divisait en trois parties ; la première était composée des bibles latines et françaises, des missels, des psautiers et des livres de dévotion ; la seconde, des traités d’astrologie, de géomancie et de chiromancie ; des livres de médecine, la plupart traduits de l’arabe ; des historiens et de quantité de romans en prose et en rimes ; enfin, la troisième classe comprenait des chroniques, des histoires générales et particulières, surtout la vie de saint Louis et quelques relations des guerres d’outre-mer. On traduisait beaucoup dans le siècle de Charles V ; quantité d’ouvrages grecs, latins, espagnols et italiens furent traduits en français. Parmi les traducteurs de ces temps, on distingue Nicolas Oresme à qui l’on doit la traduction de la politique et de la morale d’Aristote, Evrart de Conty, Jean Goulain, Gilles l’Augustin, Jean de Vignay, Jean du Bagnay, Jean Dandin, Denys Foulechat, Jacques Bauchat, etc.