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président Jacques-Auguste de Thou, si célèbre par l’histoire de son temps qu’il a écrite. Henri IV ne pouvait faire un choix plus honorable aux lettres ; mais les commencemens de son règne ne furent pas assez paisibles pour lui permettre de leur rendre le lustre qu’elles avaient perdu pendant les guerres civiles. Sa bibliothèque souffrit quelques pertes de la part des factieux. Pour prévenir de plus grandes dissipations, Henri IV, en 1595, fit transporter au collége de Clermont, à Paris, la bibliothèque de Fontainebleau dont aussi bien le commun des savans n’était pas assez à portée de profiter. Les livres furent à peine arrivés à Paris qu’on y joignit le beau manuscrit de la grande bible de Charles-le-Chauve. Cet exemplaire avait été conservé depuis le règne de cet empereur dans l’abbaye de Saint-Denis. En 1599 on réunit à la bibliothèque royale celle de Catherine de Médicis, composée de 800 manuscrits grecs et latins. Quatre ans après, cette bibliothèque passa du collége de Clermont chez les cordeliers, où elle demeura quelques années en dépôt. Le président de Thou mourut en 1617, et François de Thou, son fils aîné, qui n’avait que neuf ans, hérita de la charge de maître de la librairie. Pendant la minorité du jeune bibliothécaire, la direction de la bibliothèque fut confiée à Nicolas Rigault, connu par divers ouvrages estimés. La bibliothèque royale s’enrichit peu sous le règne de Louis XIII ; elle ne fit d’acquisitions un peu considérables que les manuscrits de Philippe Hurault, évêque de Chartres, au nombre d’environ 418 volumes et 110 beaux manuscrits syriaques, arabes, turcs et persans, achetés, aussi bien que des caractères syriaques, arabes et persans, avec les matrices toutes frappées, des héritiers de M. de Brèves, qui avait été ambassadeur à Constantinople. Ce ne fut que sous le règne de Louis XIII que la bibliothèque royale fut retirée des cordeliers pour être mise dans une grande maison de la rue de la Harpe appartenant à ces religieux. François de Thou ayant été décapité en