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comte de Maurepas de l’établissement des enfans ou jeunes élèves de langue qu’on instruisait à Constantinople aux dépens du roi : ils avaient ordre de copier et de traduire les livres turcs, arabes et persans. Ces copies et ces traductions étaient adressées au ministre qui, après s’en être fait rendre compte, les envoyait à la bibliothèque du roi. La république des lettres ne peut tirer qu’un grand avantage des traductions ainsi jointes aux textes des originaux. L’abbé Bignon, non content des trésors dont la bibliothèque du roi s’enrichissait, prit des mesures pour faire venir des Indes les livres qui pouvaient donner en France plus de connaissances qu’on en a de ces pays éloignés, où les sciences ne laissent pas d’être cultivées. Les directeurs de la compagnie des Indes se prêtèrent avec un tel empressement à ses vues que, depuis 1729, il a été fait des envois assez considérables de livres indiens pour former, dans la bibliothèque du roi, un recueil en ce genre, peut-être unique en Europe. Dans les années suivantes, cette bibliothèque s’accrut encore par la remise d’un des plus précieux manuscrits qui puisse regarder la monarchie, intitulé : Registre de Philippe-Auguste, qu’avait légué au roi Rouillié du Coudray, conseiller d’état. Elle fit encore d’autres acquisitions considérables, comme celles des manusciits de S. Martial de Limoges ; de ceux du président de Mesmes ; du cabinet d’estampes du marquis de Béringhen ; du fameux recueil des manuscrits anciens et modernes de la bibliothèque de Colbert, la plus riche de l’Europe ; du cabinet de M. Cangé, etc., etc.[1]. Nous n’entrerons point dans d’autres détails sur cette célèbre bibliothèque que l’on nomme maintenant nationale, et qui doit s’être

  1. Nous ne parlerons pas ici des monumens précieux en livres, en gravures, en tableaux, en statues que la victoire nous a procurés dans les pays conquis ; le détail en serait trop long. On va transporter la bibliothèque nationale de la ci-devant rue de Richelieu au Louvre.