Page:Dictionnaire raisonné de bibliologie Tome 1.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accrue depuis quelque temps avec une grande rapidité : en 1785 on y comptait 60,000 manuscrits, plus de 200,000 volumes imprimés, 5 000 volumes d’estampes et 2 000 planches gravées : depuis 1786, notamment depuis la révolution, ce nombre d’ouvrages doit être prodigieusement augmenté. Ceux qui ont le plus contribué à ses progrès, soit par leur puissance, soit par leurs talens, sont les Colbert, les Louvois, les Maurepas, les Bignon, les Sallier, les Melot, les Sevin, les Fourmont, et, en général, tous les savans qui ont eu quelque part soit à l’administration, soit à l’organisation, soit à l’entretien de cet immense et magnifique établissement dont la France doit s’enorgueillir.

Grecs (bibliothèques des). On ne sait rien de positif sur l’histoire de la Grèce avant les guerres de Thèbes et de Troye ; il serait donc inutile de chercher des livres en Grèce avant ces époques. Les lacédémoniens n’avaient point de livres ; ils exprimaient tout d’une manière si concise que l’écriture leur paraissait superflue, puisque la mémoire leur suffisait pour se souvenir de tout ce qu’ils avaient besoin de savoir. Les athéniens, au contraire, qui étaient grands parleurs, écrivirent beaucoup ; et dès que les sciences eurent commencé à fleurir à Athènes, la Grèce fut bientôt enrichie d’un grand nombre d’ouvrages de toutes espèces. Valère-Maxime dit que le tyran Pysistrate fut le premier de tous les grecs qui s’avisa de faire un recueil des ouvrages des savans, en quoi la politique n’eut peut-être pas peu de part : il voulait, en fondant une bibliothèque pour l’usage du public, gagner l’amitié de ceux que la perte de leur liberté faisait gémir sous son usurpation. Ciceron dit que c’est à Pysistrate que nous avons l’obligation d’avoir rassemblé en un seul volume les ouvrages d’Homère, qui se chantaient auparavant dans toute la Grèce par morceaux détachés et sans aucun ordre. Platon attribue cet honneur à Hipparque, fils de Pysistrate. D’autres prétendent que ce fut Solon, et