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public. Asinius Pollion fit plus ; il fonda, exprès pour l’usage du public, une bibliothèque qu’il composa des dépouilles de tous les ennemis qu’il avait vaincus, et du grand nombre de livres de toutes espèces qu’il acheta ; il l’orna des portraits des savans, et entr’autres de celui de Varron. Varron avait aussi une magnifique bibliothèque. Celle de Cicéron ne devait pas l’être moins, si on fait attention à son érudition, à son goût et à son rang ; mais elle fut considérablement augmentée par celle de son ami Atticus, qu’il préférait à tous les trésors de Crésus. Plutarque parle de la bibliothèque de Lucullus comme de l’une des plus considérables du monde, tant par rapport au nombre de volumes, que par rapport aux superbes monumens dont elle était décorée. La bibliothèque de César était digne de lui, et rien ne pouvait contribuer davantage à lui donner de la réputation que d’en avoir confié le soin au savant Varron. Auguste fonda une belle bibliothèque près du temple d’Apollon, sur le mont Palatin. Horace, Juvénal et Perse en parlent comme d’un endroit où les poëtes avaient coutume de réciter et de déposer leurs ouvrages : on le voit par ce vers d’Horace : Scripta Palatinus quæ cum que recepit Apollo. Vespasien fonda une bibliothèque près le temple de la Paix, à l’imitation de César et d’Auguste. Mais la plus magnifique de toutes ces anciennes bibliothèques était celle de Trajan, qu’il appella de son propre nom la bibliothèque Ulpienne ; elle fut fondée pour l’usage du public ; et, selon Raphaël Volateran, l’empereur y avait fait écrire toutes les belles actions des princes et les décrets du sénat, sur des pièces de belle toile qu’il fit couvrir d’ivoire. Quelques auteurs assurent que Trajan fit porter à Rome tous les livres qui se trouvaient dans les villes conquises, pour augmenter sa bibliothèque : il est probable qu’il fut engagé à l’enrichir ainsi par Pline le jeune, son favori. Outre celles dont nous venons de parler, il y avait encore à Rome une bibliothèque