Page:Dictionnaire raisonné de bibliologie Tome 1.djvu/81

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livres, mais celui qui possède les meilleurs, qui mérite le titre de bibliophile. Si le bibliomane est précieux relativement au commerce de la librairie, le bibliophile l’est bien davantage relativement au progrès des sciences et des arts ; parce que, ne s’attachant qu’aux bons ouvrages, il rend nécessairement les auteurs plus circonspects, plus difficiles et plus soignés dans leurs productions. Il nous semble donc que le titre de bibliophile ne doit appartenir qu’à celui qui aime les livres comme on doit les aimer, et nullement à ceux qu’une aveugle passion égare dans les recherches qu’ils font des ouvrages qui, par une aveugle fantaisie, centuplent quelquefois de valeur.

BIBLlOPOLE. Celui qui fait le commerce des livres ; libraire, colporteur.

BIBLIOTAPHE. Ce nom, composé de deux mots grecs, signifie enterreur de livres. Il convient à ces bibliomanes ou bibliophiles qui n’achètent des livres que pour les enfouir et empêcher les autres d’en profiter : ils sont aux livres ce que les avares sont à l’argent ; il est impossible de jeter un coup d’œil sur leur trésor sans les alarmer. Malheureusement les bibliotaphes ne sont que trop communs ; ils font le plus grand tort aux hommes studieux, qui sont privés des ressources qu’ils trouveraient chez ces Harpagons littéraires. On a comparé ces derniers au chien qui empêche le cheval de manger l’orge qu’il ne peut manger lui-même. Lucien, Ambroise Camaldule, Phiselphe et le père Lelong se sont plaints amèrement des bibliotaphes. Il est surprenant surtout que le père Lelong, qui était si doux, si honnête et toujours prêt à faire voir la bibliothèque de Sainte-Geneviève, qui lui était confiée, ait été exposé aux durs refus des hommes dont nous parlons dans cet article, et qui sont la peste des lettres, selon