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l’expression d’un savant. Les bibliotaphes sont rares en France. Gronovius mandait à Heinsius que Vincent Fabrice lui avait écrit de Paris que rien n’égalait la politesse obligeante avec laquelle les Français lui communiquaient leurs richesses littéraires. Il n’en était pas de même en Italie ; Vossius s’en plaint, et Montfaucon dit qu’un religieux augustin de Naples a été mis en pénitence pour lui avoir ouvert la bibliothèque de son couvent. À Rome, l’entrée des bibliothèques était très-difficile, ainsi que dans les autres villes ; et à Venise la bibliothèque de Saint-Marc était impénétrable. Menchen a déclamé, à juste titre, contre les bibliotaphes, et a donné de très-bons conseils à ceux qui possèdent des bibliothèques, dans sa préface à la tête de l’édition qu’il a donnée du Traité de Libris legendis par Bartholin. Saldière était un vrai bibliotaphe ; mais Pinelli, Peiresc, de Cordes, Gaignat, la Vallière, Lamoignon-Malsherbes, etc., etc. étaient des bibliophiles vraiment obligeans.

BIBLIOTHÉCAIRE. On appelle ainsi celui qui est chargé de la classification, du soin et de la conservation d’une bibliothèque. Les fonctions du bibliothécaire sont d’autant plus importantes, que ses connaissances devraient être, pour ainsi dire, universelles. Tout ce que nous avons dit du bibliographe s’applique au bibliothécaire. Il doit être parfaitement au fait de l’histoire littéraire et du mécanisme de l’art typographique ; cette dernière partie surtout lui est essentielle pour décider du format, du caractère et de l’impression de certaines éditions du 15e siècle et du commencement du 16e[1] : il doit connaître aussi les arts dépen-

  1. Chaque imprimeur avait alors sa fonderie et ses poinçons, qu’il retouchait ou gravait de nouveau lorsqu’il n’en était pas content ; et alors il supprimait son nom et souvent l’année dans les premières édi-