Page:Dictionnaire raisonné de bibliologie Tome 1.djvu/94

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oublier le nom de ceux qui l’avaient précédé, et que la postérité ne pourrait plus parler que de lui ; ses ordres ne furent pas exécutés avec tant de soin qu’une femme ne pût sauver les ouvrages de Meng-tse, de Confucius et de plusieurs autres, dont elle colla les feuilles contre le mur de sa maison, où elles restèrent jusqu’à la mort du tyran. C’est par cette raison que ces ouvrages passent pour être les plus anciens de la Chine, et surtout ceux de Confucius, pour lesquels ce peuple a une extrême vénération. Ce philosophe laissa, dit-on, neuf livres qui sont, pour ainsi dire, la source de la plupart des ouvrages qui ont paru depuis son temps à la Chine, et qui sont si nombreux qu’un seigneur de ce pays qui s’est fait chrétien, employa (au rapport du père Trigault) quatre jours à brûler ses livres, afin de ne rien garder qui sentit les superstitions chinoises. Spizellus, dans son livre de re litteraria sinensium, dit qu’il y a une bibliothèque sur le mont Lingumen de plus de 30,000 volumes, tous composés par des auteurs chinois, et qu’il n’y en a guère moins dans le temple de Venchung, proche l’école royale.

Chrétiens (bibliothèques des premiers). Les premiers chrétiens, occupés d’abord uniquement de leur salut, brûlèrent tous les livres qui n’avaient point de rapport à la religion. Ils eurent d’ailleurs trop de difficultés à combattre, pour avoir le temps d’écrire et de se former des bibliothèques. Ils conservaient seulement, dans leurs églises, les livres de l’ancien et du nouveau Testament, auxquels on joignit, par la suite, les actes des martyrs. Quand un peu plus de repos leur permit de s’adonner aux sciences, il se forma des bibliothèques. Les auteurs parlent avec éloge de celles de saint Jérôme et de George, évêque d’Alexandrie[1]. On en voyait une célèbre à Césarée, fondée par

  1. Les chrétiens ont souvent cité, en leur faveur, plusieurs passages des philosophes et des poëtes payens ; il suffit de lire les écrits des