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CCCV
CINQUIÈME ÉPOQUE.

s’élever et s’éleva en effet sur cette matière, l’inquiétude sur le sort de la religion en elle-même, et sur l’influence du nouvel état de choses, relativement à la conscience religieuse individuelle, disposa un grand nombre d’esprits craintifs et timides à prendre secrètement parti pour les ecclésiastiques réfractaires, et à se placer, tacitement d’abord, puis ostensiblement, dans les rangs de la contre-révolution.

La condamnation de Louis XVI et son supplice, ajoutèrent à ces fâcheuses dispositions. Beaucoup d’individus qui avaient adopté dans l’origine, les couleurs du patriotisme, n’avaient point songé à la possibilité d’un bouleversement politique tel que le renversement du trône et l’établissement d’une république, pussent devenir la conséquence de leur adhésion aux principes qui avaient nécessité la révolution de 1789. Tel encore, qui aurait pu se résigner à cette conséquence rigoureuse de son adhésion à ces principes, ne pouvait adopter cette sévère maxime que l’arbre de la liberté eût besoin, pour pousser une cime vigoureuse, d’être arrosé du sang des rois, de celui de Louis XVI surtout, dont les qualités individuelles, quelles que fussent les idées qu’on eut de ses principes et de sa conduite politique, offraient généralement à l’esprit, le type de la bonté, de la probité, de la vertu, des intentions pures et bienfaisantes, et de l’amour pour son peuple. Cette opinion juste des qualités personnelles de l’illustre victime, n’était pas partagée seulement par ceux qui tirèrent occasion de l’événement pour arborer les bannières de l’opposition royaliste ; elle l’était encore par la majeure partie des français, surtout par ceux de la classe intermédiaire de la nation, de celle des habitans des campagnes particulièrement, hommes simples, qui, depuis un grand nombre d’années, étaient accoutumés à un respect traditionnel, ressemblant en quelque sorte à un culte, pour la personne du monarque, et à entendre exalter les vertus personnelles de Louis XVI ; que les mots despotisme et tyrannie, et les abus vexatoires de

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