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LXXVII
TROISIÈME ÉPOQUE.

à ses enfans, il permet à tout homme libre et sans seigneur, c’est-à-dire à tout propriétaire franc-aleu, de se rendre vassal de celui de ces princes qu’il choisira : c’était un moyen de fortifier le pouvoir royal aux dépends des seigneurs particuliers à qui on s’adressait, comme nous l’avons vu, pour offrir la suzeraineté de ces alleux. Une ordonnance de ce règne exempte les religieux du droit de présent et du service militaire.

Cette époque fut celle des épreuves : la première était le serment, ensuite venait le duel ou combat singulier, pour lequel il y avait au besoin des champions de profession ; ensuite venaient celles du fer chaud, de l’eau bouillante, etc. ; et, ce qui est le plus extraordinaire, c’est que ce moyen était employé, même au civil, pour obtenir la solution de toutes les questions sur lesquelles les avis étaient partagés. Le jugement de la croix, qui donnait gain de cause à celui qui tenait le plus longtems les bras étendus horisontalement, était également pratiqué à cette époque. Nous avons dit page lxiv, de ce précis, quelle était l’origine de ces pratiques enfantées par l’ignorance et l’erreur.

L’or et l’argent étaient rares encore à cette époque ; on en peut juger par leur valeur comparative avec les denrées nécessaires aux premiers besoins. En 846, la contribution d’un minot de froment, d’un minot d’orge, d’une mesure de vin et d’un agneau, que chaque curé devait à son évêque, était estimée deux sous. Ce fut Charlemagne qui introduisit l’usage de compter par livres, sous et deniers, livre qui était réelle et de poids.

La bataille de Fontenai, qui eut lieu en 841, entre Charles-le-Chauve et Louis-de-Bavière, d’une part ; et de l’autre, Lothaire et le jeune Pépin, enleva une telle quantité de noblesse, que les anciennes coutumes de Champagne établirent que désormais le ventre, c’est-à-dire la mère, ennoblirait, quoique le père fut roturier : néanmoins cette noblesse n’était point mise au même rang d’estime que celle de parage, ou