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PRÉCIS HISTORIQUE,

commencer les hostilités, sans une déclaration ou défi, fait aux parens et vassaux de celui qu’on voudrait attaquer, lequel devait précéder l’attaque de quarante jours : la suspension des hostilités, fut aussi ordonnée, dès que le roi serait en guerre lui-même, avec quelqu’ennemi extérieur. Enfin, pour mettre un dernier frein à ces guerres de seigneur à seigneur, de château à château, auxquelles chaque vassal, noble ou roturier, et jusqu’aux vilains, serfs et esclaves, étaient obligés de prendre part, ou, d’une manière ou d’une autre, de supporter le faix, et qui semblaient être celles d’une troupe de loups, déterminés à se dévorer jusqu’au dernier, on inventa la trêve de Dieu, qui défendait de se battre à certains jours consacrés au Seigneur.

Si l’on voulait tracer un tableau complet des mœurs, des usages, des lois de cette époque, il faudrait faire des volumes de ce seul objet, et copier tous les capitulaires de Charlemagne et de ses successeurs, qui ne laissent rien à désirer sur ce sujet. C’est surtout relativement aux mœurs, à celles des nobles et du clergé de ce tems, que nous sommes forcés à un silence absolu. Nous ne pourrions pas copier aujourd’hui les historiens les plus timorés, sans paraître récriminer, sans être accusé d’esprit de parti ou d’exagération. Un mot seulement fera connaître la condition des serfs dans ces tems reculés : elle différait peu, ou plutôt elle était pire que celle des animaux domestiques. Non-seulement leurs maîtres les achetaient, les vendaient, pouvaient les battre et les tuer ; mais on leur coupait les oreilles, le nez, un pied, une main, on leur arrachait un œil pour les fautes graves ; et cent coups de fouet et plus, pour les fautes légères, étaient la punition qu’on leur infligeait.

Ce que l’on nomme Capitulaires, ou anciennes ordonnances de Charlemagne, de ses prédécesseurs et successeurs, ne sont point des lois émanées de la volonté de ces princes : c’étaient, d’abord, les décisions des assemblées du Champ-de-Mars ou