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LXXXI
TROISIÈME ÉPOQUE.

de Mai, plus tard des Conciles, promulgués sous l’autorité du prince. Sous le règne de Charlemagne, les nobles y le clergé y étaient appelés, ainsi que les notables des villes ou des arrondissemens, qui y représentaient les hommes libres ou ingénus. Charles-le-Chauve cite encore, en tête d’un de ses capitulaires, cette maxime du droit public de l’époque. « La loi se fait par la volonté du peuple et par la constitution du roi. »

Charlemagne, qui voulut remettre les lettres et les sciences en honneur, et tirer l’Europe de l’obscurité profonde où l’ignorance l’avait plongée, commença par apprendre lui-même, pour engager les autres à l’imiter. Pierre de Pise lui enseigna la grammaire et la dialectique ; l’anglais Alcuin la rhétorique, l’histoire et l’astronomie ; Théodulphe, visigoth de nation, le poëte le plus correct et le plus pur de ce siècle, lui apprit la musique et la versification. L’hymne gloria, laus et honor tibi sit, rex Christe redemptor, que l’on chante encore à la procession du dimanche des Rameaux, est de ce Théodulphe ; mais ce qui est plus curieux, sous bien des rapports, c’est de connaître des vers de Charlemagne lui-même, faits à l’occasion de la mort du pape Adrien qu’il aimait.

« Post patrem lachrymans, Carolus, hæc carmina scripsi ;
Tu, mihi dulcis amor, te modo plango pater,
Nomina jungo simul titulis, clarissime, nostra ;
Adrianus, Carolus rex ego, tuque paler. »

« C’est en versant des larmes sur la mort d’un père chéri, que Charles traça ces vers. O toi, cher objet de mon affection, je te pleure aujourd’hui. Que nos deux noms à jamais réunis, rappellent toujours que le roi Charles eût pour père Adrien. »

Les rois poëtes sont rares, mais ce qui est plus rare encore c’est de voir, dans un siècle presque barbare, un prince être à-la-fois « le plus hardi guerrier, le plus rapide conquérant, le

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