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CXI
QUATRIÈME ÉPOQUE.

noire pays. Leur nom de Cottereaux leur venait des grands couteaux qu’ils portaient, appelés cotterels dans le Toulousain ; celui de Routiers, ou parce qu’ils étaient toujours en route, ou de rumpere, rompre, briser, parce qu’ils menaient tout à feu et à sang. « Brigands, pillards, robeurs, larrons, infâmes, dissolus, excommuniés, dit un ancien manuscrit ; ils ardaient les monastères et les églises où le peuple se retirait, et tourmentaient les prêtres et les religieux, les appelaient Cantatours, par dérision, et leur disaient quand ils les battaient : Cantatours, cantez ; et puis leur donnaient grands buffes et grosses gouces. » Nous en reparlerons à l’article gars du Vocabulaire, et à celui touvoye du Dictionnaire.

Nous avons fait connaître les revenus du trésor à une autre époque : voici quels ils étaient sous les premiers Capétiens. On en distinguait de plusieurs sortes : les produits des terres du domaine royal ; ceux de justice dans les haillages et prévôtés royales ; la gruerie ou droits sur l’exploitation des bois ; le cens, les droits d’entrée et de sortie ; ceux de régale, de monnayage, de procuration ou de giste ; les taxes sur les juifs ; enfin, par la suite, les droits pour l’émancipation des communes et les aides coutumiers, que les vassaux payaient au seigneur, lorsqu’il faisait son fils aîné chevalier, qu’il mariait sa fille aînée, qu’il faisait guerre, ou qu’à la guerre il était fait prisonnier. Les seigneurs de fiefs exerçaient les mêmes droits sur les terres dépendantes de leurs fiefs.

Les seigneurs avaient le droit de taille, qui prenait son nom de l’instrument encore connu de nos jours pour certains comptes domestiques, et qui servait à percevoir ce droit, établi par eux, tant pour soutenir leurs guerres personnelles, que pour l’host ou chevauchée du roi, subside que tout feudataire, clerc ou laïc, devait au monarque, pour l’aider dans ses expéditions, et suivant qu’il était taxé, à un, deux, trois, huit, quelquefois quarante et même soixante jours.