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CXXXV
QUATRIÈME ÉPOQUE.

mille embarras, pour empêcher le roi de donner suite à son projet, ce à quoi on ne put réussir.

Tout le monde sait les malheurs qui suivirent cette catastrophe et qui accompagnèrent la longue démence de ce malheureux roi. On sait également l’indigne conduite de la reine Isabeau de Bavière, qui, se rangeant du parti des ennemis de la France, profita de la faiblesse d’esprit de son époux infortuné, pour exclure le dauphin Charles, son fils, du gouvernement de l’état et de ses droits à la couronne, et pour y appeler, à la honte éternelle de ses perfides conseillers, l’ennemi naturel du royaume, le roi d’Angleterre, à qui elle donna sa fille Catherine en mariage. Exhérédation sans effet, par la constante persévérance de l’héritier légitime, et par le dévouement patriotique de quelques braves et généreux français, qui l’entourèrent et le soutinrent de leurs conseils et de leurs bras.

Au nombre de ces hommes recommandables, Ambroise de Loré, né dans le Maine, serait placé dans l’histoire au premier rang, auprès des Dunois, des Lahire, des Saintrailles, des Talbot, et même du connétable de Richemont, si la concentration de la plupart de ses exploits dans notre province, ne l’eût privé de toute la renommée qui s’acquiert plus volontiers sous l’œil du maître, et qu’obtinrent ses rivaux de gloire, en restant constamment auprès du Dauphin, depuis Charles II. Il n’est pour ainsi dire pas un combat donné dans la province, auquel ce vaillant homme n’ait assisté, pas une place-forte qu’il n’ait prise et défendue alternativement, ainsi qu’on le verra par le récit des faits particuliers fort multipliés, à mesure qu’ils se présenteront dans les articles de localités : nous nous bornons à faire connaître ici les faits généraux et principaux.

1412. — Charles VI, dans un des instans lucides que lui laissait quelquefois sa longue maladie, chargea le comte