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CXLIII
QUATRIÈME ÉPOQUE.

héritier universel, le comté du Maine se trouva, comme l’avait été le duché d’Anjou, après la mort du roi René, réuni de nouveau à la couronne, pour n’en être plus séparé ; car, depuis lors, cette province ne fut plus qu’un apanage usufruitier, sans droit de propriété, des fils puînés des rois de France : c’est en cette qualité qu’en jouissait encore en 1790, Monsieur, frère du roi Louis XVI, depuis Louis XVIII, qui en avait été pourvu par le roi Louis XV son aïeul.

On ne doit pas être étonne que nous avons, sur une époque aussi calamiteuse que la seconde partie de cette quatrième période, à-peu-près les mêmes remarques à faire que celles que nous avons faites sur la première partie de cette même période. Les mêmes causes, des guerres presque continuelles pendant un espace de deux cent soixante-quinze ans, ayant produit les mêmes résultats.

Les guerres privées, qui se continuaient sans cesse, de seigneur à seigneur, affaiblissaient le royaume et mettaient le monarque dans le cas de ne pouvoir faire tête à l’ennemi extérieur. Aussi, Philippe-le-Bel, dans un parlement tenu à l’époque de Toussaint, défend-il les guerres privées, tant que la sienne durera. Une ordonnance de Charles V, renouvelle cette défense d’une manière absolue, quatre-vingts ans plus tard. Une autre ordonnance rendue sous S. Louis, et qu’on appelle Quarantaine le roi, défend aux héritiers de tirer vengeance du meurtre avant quarante jours écoulés : elle a pour but d’empêcher les voies de fait causées par le premier moment de colère : car ces vengeances, toujours exercées les armes à la main, étaient souvent la cause de guerres intestines qui n’avaient point de fin.

La captivité du roi Jean fut surtout une nouvelle source d’anarchie. Nous avons vu qu’après la bataille de Poitiers, chaque seigneur se fortifiait dans son manoir et s’y livrait à toutes sortes d’excès. Ces pratiques désastreuses que nous avons