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CLVII
QUATRIÈME ÉPOQUE.

Méad, principal du collège de la rue de Gourdaine au Mans, y faisait représenter ses tragédies, qui n’étaient probablement qu’une espèce de mystères, genre de spectacle bien en vogue dans le siècle suivant. Les traductions ou translations en vers le furent également pendant cette période, et notre bibliothèque départementale possède, outre plusieurs manuscrits de ce genre et de ce temps, une de ces chroniques historiques en vers, dont nous avons parlé, le Roumant de Bertrand du Glaiequin, écrit par un nommé Trueller, et qui a servi à la composition de toutes les histoires imprimées de ce grand capitaine, étranger à notre province par sa naissance, mais dont pour ses hauts-faits dans le pays, elle doit garder et garde en effet un éternel et reconnaissant souvenir.

Le 14.e siècle, le siècle de Charles V, devait être le précurseur de celui de François I.er, de ce siècle si vanté avec raison, mais à la gloire duquel ce prince prit bien moins de part qu’on ne lui en attribue communément. Charles qui eût mérité le nom de Grand, s’il n’eût obtenu celui de Sage, plus glorieux peut-être, surtout d’après l’acception qu’on lui donnait alors, celle de savant et de lettré, fut en effet l’admirateur et le protecteur des lettres. Il aimait la lecture, et les livres par conséquent ; il laissa après lui une collection de neuf cents volumes environ, au lieu d’une vingtaine qu’avait rassemblés son père, le roi Jean. Cette bibliothèque qu’il plaça au Louvre, dans une tour que pour cela on appela Tour de la Livrairie, fut le fondement de l’immense et précieuse Bibliothèque du Roi. On ne peut s’empêcher de citer, à l’honneur de ce prince, ces belles paroles qu’il n’est peut-être pas hors de propos de rappeler aujourd’hui, et qui sont une réponse au reproche qu’on lui faisait de trop honorer les gens de lettres, appelés clercs alors : « Les clercs où à sapience l’on ne peut trop honorer, et tant que sapience sera honorée en ce royaume, il continuera à prospérité, mais quand déboutée y sera, il décherra. »