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CLXXVII
QUATRIÈME ÉPOQUE.

laquelle on déclarait que, sans avoir égard aux lettres d’absolution obtenues par les accusés, notamment à celles données par le roi, à la date du 20 septembre, ils étaient déclarés rebelles et convaincus du crime de lèse-majesté divine et humaine et condamnés, le lieutenant-particulier, Jean de Vignolles, à être roué, son corps mis en quatre quartiers et sa tête à la pointe d’une lance, pour être exposés sur les principales avenues de la ville ; et, à l’égard des autres condamnés, les uns à avoir la tête tranchée, les autres à être pendus dans la place des balles, sur les ponts, devant le palais et en divers autres endroits ; tous à des amendes, des dommages et intérêts, à avoir leurs biens confisqués ; leurs enfans dégradés de tous états, déclarés inhabiles à leur succéder, etc., etc. ; enfin, il fut ordonné que cette sentence serait gravée sur deux lames d’airain, attachées à deux poteaux, l’une devant l’église cathédrale, l’autre, devant celle de S.-Pierre-de-la-Cour. C’est en vertu de cet arrêt que périrent deux cents personnes des deux sexes et de toutes qualités, parmi lesquelles se trouvèrent compris quatre jeunes gens dont le plus âgé avait moins de 17 ans, et deux insensés ; qu’un grand nombre d’autres, qui avaient fui, furent exécutés par effigie. On raconte de deux manières différentes un événement arrivé à cette époque dans l’abbaye de S.-Calais. Les moines de ce monastère apprenant que Joachim Levasseur, seigneur de Coigners, se rendait au Mans avec une troupe de calvinistes, pour se réunir à ceux qui venaient de s’emparer de cette ville, lui demandèrent une sauve-garde qu’il leur accorda ; mais ces moines, après avoir reçu les calvinistes dans leur maison, en prévinrent secrètement un corps de catholiques qui, au signal de la cloche, à l’heure de matines, égorgèrent les religionnaires dans le couvent. Le seigneur de Coigners, instruit de cette trahison, revint sur ses pas et fit pendre aux cloches de leur église, le prieur, plusieurs des moines et des serviteurs de l’abbaye, qui avaient pris part à cette abominable action.

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