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CLXXXI
QUATRIÈME ÉPOQUE.

de l’estomac, et là-dedans fait manger l’avoine à ses chevaux, afin que les bestes se sentissent de la nature farouche de leur maître ; d’autres qui les ont enterrés tout vifs et autres liez en des arbres par les bois, et là les laisser pendus à la merci des bestes cruelles. Il y en a eu qui se sont de tant pleus en leur méchanceté que de porter les oreilles des prestres comme chaisne d’or au col : c’était un piteux spectacle que de voir les pauvres gens d’église traînés, fouettés, pendus, essorillés et pis encore. » Mais, outre qu’on peut rétorquer tous ces reproches par des reproches semblables, témoin les circonstances du meurtre de la dame de la Guinandière, dans le sein de laquelle on lira cinq coups de pistolet ; de sa fille aînée, dont on brûla les pieds pour lui faire avouer où était l’argent que devait avoir reçu sa mère d’un retrait lignager ; celles du meurtre du sieur de la Gauguière, dont les assassins portèrent les oreilles au gouverneur du Château-du-Loir, qui avait commandé ce meurtre, pour lui prouver qu’il avait été obéi ; non-seulement il est croyable que Belleforêt, dont nous venons de citer les paroles, a anticipé sur les époques, et voulu parler de celle de la Ligue, où de cruelles représailles semblaient justifiées par des événemens antécédens ; et d’ailleurs, la suite du récit de cet historien suffit pour prouver que les catholiques ne demeurèrent pas inférieurs en cruautés à leurs ennemis, s’ils ne les surpassèrent, car, dit-il, « je ne veux tant accuser un côté que pour cela j’excuse l’autre, et dirai que les catholiques usèrent un peu trop de cruauté en plusieurs endroits, jetant dans les rivières, sans jugement ni procès, plusieurs de ces pauvres gens qu’on appelait ou estimait huguenots. Et estoit telle et si aveuglée la rage du peuple, qu’il ne fallait que dire c’est un huguenot, que soudain vous ne veissiez des massacres plus cruels que ne le feraient des cannibales. Je ne dis rien sans l’avoir vu et souvent cogneu, que l’envie d’un méchant causait la mort d’un homme de bien ; voire les gens d’église, ès-