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CLXXXIX
QUATRIÈME ÉPOQUE.

gés de faire exécuter les édits de pacification, ainsi qu’à la plupart des magistrats de la province, qui auraient du être portés par amour de leur pays comme par devoir à les seconder, soient de calomnieuses accusations des religionnaires, ou de piteuses récriminations de cœurs ulcérés ; ce passage de l’histoire du chanoine Morand, dont la partialité en faveur des catholiques et du clergé n’est pas douteuse, prouve qu’il n’en est malheureusement pas ainsi : « Les calvinistes, dit-il, obtinrent amnistie, et il fut résolu que l’édit de pacification serait exécuté avec quelques modifications ; les accusés du Mans obtinrent aussi des défenses aux magistrats de passer outre à la poursuite de leur procès, et le duc de Montpensier, gouverneur de la province, fut chargé de signifier ces défenses au présidial. Le procureur du roi en donna communication à l’évêque, au chapitre, au clergé, à la ville, qui furent d’avis qu’on ne cesserait pas d’informer, les rebelles se rendant indignes de toutes grâces, puisqu’ils s’obstinaient dans leur impiété. En effet, on continua la procédure comme on l’avait commencée, peut-être que l’on eut un consentement secret de la cour, car, dans ces temps-là, les affaires avaient toutes une double face. » Ainsi, d’après cet aveu non suspect, peut-être la mission des commissaires, chargés en apparence de faire exécuter les édits, avait-elle un objet réel tout autre que celui de leur exécution.

Au surplus, la confusion était telle que les prétextes ne manquaient pas pour se refuser à l’obéissance, car les habitans et le clergé de la ville du Mans ayant été convoqués en assemblée, à l’hôtel-de-ville, pour y entendre la lecture des articles du traité de paix, et l’injonction leur ayant été faite de s’y conformer, en déposant les armes ; l’évêque, le chapitre et toutes les paroisses comparantes, chacun par leurs députés, conclurent « à ce qu’il plut au roi leur laisser leurs armes, pour être en état de défense contre les incursions des huguenots rebelles et ennemis de la paix. »