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PRÉCIS HISTORIQUE,

Drouet, fut entièrement pillée et les femmes violées… L’on disait hier que les princes s’en allaient retourner en Poitou, pour dégager M. le Prince, que l’on dit faible. J’appréhende bien fort la continuation de ces misérables troubles, ne sachant où l’on pourra avoir de sûreté : nous n’avons à craindre quant à présent, que les voleurs et les coureurs ; il y a beaucoup de déseuvrés, la misère étant fort grande : le malheur des guerres fait bien quitter des métayers, par nécessité, leurs bestiaux ayant été volés… je ne reçois aucun argent pour vous de la Bazoche-Gouet ; ils sont tous ruinés, ayant eu le fort de l’armée. Masle, le Theil (entre Nogent-le-Rotrou et la Ferté- Bernard[1]), et les autres paroisses voisines, sont toutes pillées et ruinées. Bref, le monde est tout effrayé, plus deux fois qu’ils n’étaient lors des guerres de la Ligue »[2]. Les lettres du même, écrites dès le mois de juin 1650, donnent des détails analogues, sur la conduite des gens de guerre, dans les premières années de ces troubles. « La gendarmerie, y est-il dit, a tout ruiné dans le Perche, et vole publiquement tout ce qu’elle rencontre de chevaux, même ceux des gentilshommes, qui ont été contraints de charger ces pillards et d’en tuer. »

De tels détails ne justifient-ils pas ces réflexions de l’abbé de Montgaillard[3], réflexions qu’on ne permettrait pas à notre plume, qu’on nous fera peut-être même un crime de citer : « On serait saisi d’horreur, transporté d’indignation, si l’on connaissait les mémoires, les écrits autographes, tracés par plusieurs des principaux acteurs, dans la guerre de la Ligue et les troubles de la Fronde : ces irrécusables témoignages de l’avidité, de la férocité des grands seigneurs, des rebelles de ces époques, ces témoignages subsistent, et

  1. Voir la Carte jointe à l’article fertois, t. ii, p. 336.
  2. Ce qui justifie complètement ce que j’ai dit sur les Beauforts, à l’article ferté-bernard, t. ii, p. 325.
  3. histoire de france, t. i.er, Introduction.