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PRÉCIS HISTORIQUE,

que le chargement et le déchargement des navires ne pourraient se faire avant ni après le lever du soleil. Les moteurs de ces émeutes, ne s’attachant ou feignant de ne s’attacher qu’à l’article 7 de cette loi, dans lequel le mot navire ne se trouvait pas écrit, parce que cet article n’était que le corollaire des précédens où il se rencontrait, appliquaient cette disposition aux chargemens des voitures auxquels ils s’opposaient, quand l’heure de ces chargemens leur en offrait le prétexte.

Cet état de choses qui s’était prolongé depuis cette époque, à partir des premiers jours de la révolution, avec des caractères plus ou moins graves, devenait plus allarmant de jour en jour. L’établissement du maximum, appliqué au prix des grains, et la dépréciation du papier-monnaie, aggravèrent encore cette situation fâcheuse, en faisant resserrer davantage une denrée indispensable, dont le cultivateur, soit qu’il en manquât réellement, soit qu’il ne voulût pas la vendre pour des assignats, dont la valeur relative n’était plus en proportion avec la valeur réelle de la marchandise, n’approvisionnait plus les marchés. Pour l’y contraindre, il fallut avoir recours à la force : des récensemens furent ordonnés, puis, d’après leur résultat, chaque cultivateur fut taxé à approvisionner chaque semaine le marché le plus voisin, d’une certaine quantité des grains qu’il possédait. Alors, les hommes et surtout les femmes du peuple, se portaient sur les chemins d’arrivages des campagnes, entouraient les grains amenés aux marchés, non sans querelles et sans rixes ; le cultivateur en était souvent la victime, ce qui ne faisait qu’augmenter sa répugnance à se rendre à ces marchés, qui devinrent déserts et dépourvus de toute espèce de provisions. Enfin, il fallut que les villes et les autres communes populeuses, envoyassent des commissaires, soit à Paris, où se trouvaient encore quelques dépôts de subsistances, qu’y avait fait arriver la commission chargée par la Convention de l’approvisionnement de la capitale, soit dans les ports de mer, pour y acheter des grains venant de l’étranger.