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PRÉCIS HISTORIQUE,

au Mans, en mission auprès de l’armée, parcoururent la ville à cheval, prirent les mesures sanitaires les plus urgentes, ordonnèrent à la municipalité provisoire de faire arrêter à leur retour tous les membres des administrations qui avaient abandonné leur poste, et de les livrer au tribunal révolutionnaire qu’ils établirent, pour juger les rébelles pris les armes à la main. Ces ordres, en ce qui concerne les membres des administrations, ne furent point exécutés.

Par les soins de la nouvelle municipalité, des voitures attelées arrivèrent des campagnes, on creusa des fosses où plus de deux mille cadavres furent enterrés ; on retira ceux jetés dans les deux rivières d’Huisne et de Sarthe, dont ils auraient corrompu l’eau ; la ville fut nettoyée avec une promptitude qui étonna les anciens administrateurs à leur retour au Mans. A défaut d’approvisionnemens pour les troupes, deux citoyens généreux, Chardron simple marchand de volailles et Lhéritier confiseur, se réunirent pour distribuer quinze sous à chaque soldat, à titre d’étape, et préservèrent ainsi la ville du pillage qui avait déjà commencé dans quelques maisons.

Un grand nombre de femmes vendéennes, échappées au carnage, furent renfermées dans la maison de l’Oratoire ; les enfans avaient été placés dans l’église et le presbytère de Sainte-Croix, où des personnes bienfaisantes s’empressèrent de leur fournir, de leur distribuer des alimens, de leur donner d’autres soins : plusieurs d’entre elles furent victimes de leur humanité et succombèrent aux maladies épidémiques, dyssenteries, fièvres malignes et putrides, dont étaient dévorés ces malheureux et qui les décimaient chaque jour. A Pontlieue, MM. Berard et Vétillard, négocians, convertissent en hôpital leur demeure : royalistes, républicains, malades, blessés, tous y trouvent indistinctement des secours et un soulagement à leurs maux. Mais tout n’est pas fini, le parti triomphant demande encore des victimes, selon les anciens