Page:Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, Tome I - Julien Remy Pesche.djvu/380

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CCCLVI
PRÉCIS HISTORIQUE,

c’était trois lieues plus loin. Partout et nulle part, telle était la dévise de ces bandes, que ni troupes de ligne, ni gardes nationales, ni colonnes mobiles de réquisitionnaires ou de conscrits, ne pouvaient atteindre, car soit connivence, soit terreur, leur marche était infiniment secrète, aucun paysan ne voulant ou n’osant la révéler. Souvent même officiers et soldats des colonnes mobiles de gardes nationales, de réquisitionnaires ou de conscrits, correspondaient avec eux, ou, le plus souvent, s’évadaient pour aller grossir leurs rangs.

Cependant, cette guerre de guérillas, si bien appropriée aux contrées de l’Ouest de la France, et particulièrement aux départemens de la Sarthe et de la Mayenne, dont les chemins creux, les nombreux fossés, les haies épaisses, s’y prêtaient merveilleusement, convenait infiniment à la classe populaire dont nous avons parlé, et les succès qu’obtinrent ceux qui les premiers s’y livrèrent, entraîna un grand nombre de leurs semblables à les suivre et à les imiter. L’opinion, sans doute, y prit une part active ; on était las dans les campagnes d’une république si orageuse, par les motifs énumérés plus haut. Les rangs bientôt se grossirent ; on eut des compagnies, des bataillons et enfin des armées ; bientôt on se livra à de plus grandes opérations. Du département de la Mayenne, où la première chouannerie fut renforcée par quelques débris de l’armée vendéenne, cette insurrection pénétra dans la Sarthe, par la partie Ouest de ce département, et s’étendit peu à peu jusqu’à son extrémité Est. Presque tous les cantons en furent infestés par la suite : cependant la partie E. S. E. fut celle où ses rangs furent les moins épais.

Le conventionnel Génissieu, envoyé en mission dans la Sarthe et dans l’Orne, exprimait ainsi au comité de Salut-Public, à l’époque des 4 et 9 janvier 1795, l’état des choses dans le premier de ces départemens : « Les horreurs et les atrocités sont à leur comble ; la totalité du département de la Sarthe est dans l’état le plus effrayant. De toutes