Page:Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, Tome I - Julien Remy Pesche.djvu/394

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CCCLXX
PRÉCIS HISTORIQUE,

blicains, les soldats de la religion ; et affectent de s’opposer à ce qu’on enlève les denrées de chez l’habitant.

« Le noyau des rassemblemens a, dans l’origine, été formé de contrebandiers, de brigands de profession, de déserteurs. Ces rassemblemens, grossis par l’intrigue des prêtres et des nobles, désespérés de la révolution, ont pris de la consistance lors de la déroute des brigands qui avaient passé la Loire, et plus encore par l’effet des atrocités commises sous le régime de la terreur.

« Assigner le terme où ces malheureuses contrées seront entièrement rendues à la république, serait une chose téméraire. Les hostilités sont suspendues dans un grand nombre de cantons, mais elles se soutiennent dans d’autres ; plusieurs chefs sont rentrés, mais il en reste d’armés. D’ailleurs, il restera long-temps dans ces contrées des bandes de voleurs et d’assassins : elles sont les suites ordinaires de la guerre civile. »

« Réunis sous des chefs qui sont ordinairement du pays, écrit Hoche à Aubert-Dubayet, les chouans se répandent imperceptiblement partout, avec d’autant plus de facilité, qu’ils ont partout des agens, des amis ; qu’ils trouvent partout des vivres et des munitions, soit de gré, soit de force. Leur principal objet est de détruire les autorités civiles ; leurs manœuvres, d’intercepter les convois, d’assassiner les patriotes des campagnes, de désarmer nos soldats lorsqu’ils ne peuvent les embaucher ; d’attaquer nos cantonnemens, postes ou détachemens, lorqu’ils sont faibles ; et, enfin, de faire soulever les habitans des villes mêmes, en les affamant ; leur tactique, de combattre derrière les haies et, ainsi que vous l’avez vu dans la Vendée, de déborder les ailes de la troupe qu’ils ont à combattre, afin de tomber sur un de ses flancs. S’ils sont vainqueurs, ils égorgent et pillent ; s’ils sont vaincus, ils se dispersent et assassinent les bons habitans des campagnes, que la terreur et le fanatisme divisent. »