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CDXXIV
PRÉCIS HISTORIQUE,

Prusse, par mesure de sûreté. Le conventionnel R. Levasseur, qui était de ce nombre, ayant obtenu, grâce aux actives démarches de ses amis, le retour dans sa patrie, ne mit le pied en France, que pour y apprendre qu’il était frappé par la loi d’amnistie du 12 janvier 1816, et fut obligé de fuir de nouveau la France, pour se retirer dans le royaume des Pays-Bas.

« Les instructions des préfets portaient de défendre avec courage leurs administrés, et de ne céder qu’aux baïonnettes ; mais ces instructions semblaient n’avoir pas prévu l’irritabilité qui naîtrait des résistances : elle ne pouvait manquer de répandre de l’aigreur, sur les discussions relatives au traité définitif. Plusieurs préfets se firent enlever par les troupes étrangères, montrant sans doute un dévouement généreux, mais oubliant que leurs administrés restaient sans agens du roi pour les défendre, et qu’ainsi leur zèle trahissait leur devoir. »

Le préfet de la Sarthe, M. Jules Pasquier, fut un de ceux qui subirent cette rigueur de la part des troupes étrangères. Ce magistrat fut arrêté et conduit à Magdebourg en Prusse, où il resta pendant plusieurs mois, pour avoir refusé de satisfaire à toutes les exïgeances des chefs prussiens. Nous sommes loin de juger la conduite de ce magistrat, aussi rigoureusement que le fait M. Alphonse de Beauchamp : nous trouvons, au contraire, son dévouement d’autant plus louable, qu’il est plus rare, de la part des administrateurs, de défendre ainsi l’intérêt des administrés.

L’évacuation des troupes étrangères eut lieu le 22 mars, après sept semaines d’occupation. La justice nous fait un devoir de reconnaître, que la conduite de ces troupes ne fut point aussi oppressive, aussi pénible et funeste aux habitans qu’il était naturel de le redouter ; et que ce ne furent pas toujours ceux qui étaient désignés à leurs vengeances, qui en éprouvèrent les effets. Une anecdote, peu connue sans doute, mérite d’être consignée ici. Le troisième corps prussien, se