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CDXXV
CINQUIÈME ÉPOQUE.

trouvait sur les bords de la Loire, lorsqu’il reçut l’ordre de venir prendre ses cantonnemens dans la Sarthe. Pour y parvenir, il prit directement à l’ouest, et suivant la route d’Orléans au Mans, gagna par Connerré la route royale de Paris à Nantes par le Mans. Cette direction, qui le forçait à traîner le matériel d’une armée le long de chemins impraticables pendant neuf mois de l’année, donna à quelques patriotes de l’Orléanais et du Dunois, l’idée d’une confédération armée qui, s’étendant de Châteaudun à la Ferté-Bernard, eût harcelé l’ennemi tout le long de sa route, et eût pu l’exterminer lorsqu’il eût été engagé au milieu des deux forêts de Montmirail et de Vibraye. Les émissaires des auteurs de ce projet, parcoururent toute la ligne indiquée, pour tâcher de réaliser ce projet téméraire, mais non pas inexécutable : les dangers qu’il présentait dans ses suites, plus que dans son exécution, le firent heureusement repousser.

Les cours prévôtales, établies par la loi du 20 décembre 1815, eurent dans la Sarthe, une occasion éclatante de signaler leur juridiction et de justifier l’horreur et l’effroi qu’elles inspiraient. Le dernier jour de janvier 1815, une bande de dix malheureux paysans, dont un ancien militaire nommé Pierre Leroy, partent de chez Martin Leroy père, meunier au moulin de Cherré, dans la commune d’Aubigné, près le Lude, armés de fusils et de sabres, se portent dans différentes fermes et maisons des communes voisines, excitent à la révolte contre l’autorité royale, les individus chez lesquels ils se présentent, et prenant le titre de Vautours de Bonaparte, annoncent, pour dans trois mois, le retour de l’Empereur. Sans consistance, sans moyens d’exécution moraux et physiques, cette méprisable levée de boucliers ne pouvait ni séduire, ni entraîner personne ; aussi ces malheureux furent-ils bientôt désarmés et soumis. Livrés à la cour prévôtale, celle-ci se transporta dans la petite ville du Lude, pour y juger les prévenus. Un grand