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XLVI
PRÉCIS HISTORIQUE,

rois, aliis multis regibus, dit Grégoire de Tours, et surtout ses plus proches parens dont il redoutait les entreprises contre son pouvoir, étendit sa domination sur toutes les Gaules. C’est alors que, voulant s’assurer s’il n’existait plus aucun individu de sa famille qui pût lui porter ombrage, il assembla ses leudes et leur dit, en affectant une grande douleur : « Que je suis malheureux ! me voilà réduit à l’état d’un voyageur qui se trouve au milieu d’une nation étrangère, je n’ai pas un seul parent dont, en cas de revers, je puisse attendre du secours. » Il espérait en parlant ainsi, qu’on lui découvrirait ceux de sa race qui auraient pu exister encore, et dont il se serait défait comme des autres qu’il avait fait égorger.

Suivant un historien du Maine, Morand, dont l’ouvrage est resté manuscrit, il avait été fait un traité, patent ou verbal, entre les Francs, conquérans de cette province, et les habitans, d’après lequel ceux-ci devaient conserver leurs héritages, en jouir selon les lois anciennes ou la coutume du pays, et n’être point troublés dans l’exercice de leur religion ; enfin, d’après ce traité, les deux peuples devaient vivre ensemble dans une étroite union. L’arrivée des soldats de Clovis eut bientôt détruit cet heureux accord. Ce prince soupçonneux, ne se bornant pas à se défaire d’un rival importun, après avoir mis tout à feu et à sang dans les campagnes, fit jeter dans les fers les plus considérables des habitans de la province, et livra le reste du peuple à la discrétion brutale de ses troupes, qui commirent dans le pays tous les excès auxquels se livraient alors les peuplades barbares, quand elles n’étaient retenues par aucun frein. Les ecclésiastiques furent traités en esclaves comme les laïques ; les églises pillées comme les maisons des séculiers ; les femmes et les filles outragées, et les hommes brutalement maltraités.

Alors S. Principe, que l’on désigne comme le septième évêque du Mans, prenant pitié de son malheureux troupeau,