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LI
TROISIÈME ÉPOQUE.

furent imités par les patriciens et par les anciens sénateurs gaulois des cités : presque tous adoptèrent la loi salique, cl devinrent comme leurs vainqueurs, leudes, antrustions, sénieurs et nobles campagnards. Les sénats des villes perdirent alors leur autorité ; les cil es ne se firent plus la guerre ; celle des châteaux leur succéda. Alors l’homme libre, pour se soustraire à ces calamités, dut recourir à la protection, au patronage d’un sénieur, soit laïque, évêque ou abbé voisin. S’il lui présentait l’hommage en lui offrant une fleur, un épi, il devenait son vassal, son soldat, et restait libre ; si, plus humble ou plus faible, il présentait au leude qu’il choisissait pour patron, une touffe de ses cheveux, il devenait son serf, attaché à la glèbe.

Les sénieurs ne payaient aucun impôt, mais devaient défrayer les rois, les ducs, les comtes et leurs troupes, quand ils passaient sur leur territoire : c’est le droit de prise ou de ravage, dont, à l’article lude, nous donnerons un exemple détaillé. Trois manoirs étaient obligés de fournir un soldat ; les leudes devaient suivre personnellement le roi. On payait des droits locaux de péage, pour les constructions et l’entretien des chemins, des ponts et des bacs.

Les hommes libres, Romains et Gaulois, partagèrent avec les sénieurs l’exemption de l’impôt ; ils en avaient été écrasés sous les Romains : cet allégement les attacha à leurs vainqueurs.

Le cens ne fut plus payé que par les serfs, ou esclaves de la glèbe, ainsi que le prouve une des formules de Marculphe : « Nul ne peut être clerc, s’il ne peut prouver qu’il est libre et non inscrit dans le livre du cens. »

Le revenu des rois ne consistait que dans les fruits que produisaient leurs domaines, dans le produit du cens payé par leurs propres tributaires ou serfs, et dans le fredum, amende et confiscation résultant des jugemens. Mais, dans les assemblées nationnales du Champ de Mars, les Francs,