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LV
TROISIÈME ÉPOQUE,

Suivant quelques historiens, Rocolène, dont nous venons de parler, aurait été le premier comte du Maine, sous les rois francs : rien dans le récit historique qui précède ne semble justifier cette opinion, comme rien non plus, il faut l’avouer, ne l’infirme positivement. Quoiqu’il en soit cependant, on peut assurer qu’à cette époque, les comtes ou ducs, que les rois de la première race envoyaient commander dans les provinces, n’en étaient que les gouverneurs et ne les possédaient pas.

590. — A la mort de Clotaire, la Bretagne était entrée dans le partage de Chilpéric, roi de Soissons ; mais Guérech, comte de Vannes, ayant cessé de payer le tribut que Clovis et ses successeurs avaient imposé à cette province, Contran, roi de Bourgogne, oncle et tuteur du jeune Clotaire II, fils de Chilpéric, envoya contre lui des troupes qui furent battues ; les Bretons alors allaient pénétrer dans le Maine, quand S. Bertrand, évêque du Mans, et Nomace, évêque d’Orléans, allèrent à leur rencontre et parvinrent à conclure la paix. Plus tard, nous verrons la province avoir beaucoup et souvent à souffrir de ces redoutables voisins.

Nous avons dit précédemment, et c’est l’opinion de tous les historiens, que la féodalité héréditaire ne commença que sous la seconde race, lorsque les Carlovingiens permirent la transmission des bénéfices à ceux qu’ils en avaient dotés. Cependant, le traité de paix conclu en 587, entre les princes de la première race, posa les fondemens du principe de l’hérédité. Ce traité portait que tous les dons faits précédemment aux églises et aux leudes, des différens partis, leur seraient inviolablement conservés ou fidèlement rendus : ces dons étaient déclarés irrévocables entre leurs mains.

Jusque là, les rois pour se faire des partisans, qu’ils ne pouvaient suffire à recompenser de leurs domaines épuisés, reprenaient arbitrairement les dons qu’ils avaient faits, et dépouillaient les faibles pour enrichir les hommes puissans