Page:Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, Tome I - Julien Remy Pesche.djvu/855

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
351
CHARTREUSE DU PARC.

Brïcnnc, vicomte de Beaumont, qui y avait choisi sa sépulture. Raoul III, le premier bienfaiteur de la Chartreuse, était inhume dans l’église de l’abbaye d’Etival-en-Charnie ( v. ce mot), qu’il avait également fondée.

Puisqu’il ne reste plus ou presque plus rien de ce monastère remarquable, cherchons, dans les anciens historiens, une description qui puisse en donner une idée au lecteur.

« La Chartreuse du Parc, située à une lieue 1/2 au S. E. de la petite ville de S. te —Suzanne, est peut-être l’endroit le plus propre pour un établissement de solitaires. La vallée que ce monastère occupe, a pour perspective à l’E., une longue chaîne de collines qui s’élèvent en rochers. Leur vue inspire je ne sais quelle horreur religieuse, dont la description qu’en font les poètes, ne flattte tant l’imagination, que parce qu’on l’a sentie soi-même plusieurs fois. Au nord et à l’ouest, elle est environnée d’une vaste forêt en haute futaie, nommée forêt de Charnie, Sylva Carneta.

« Horrentique atrum nemus imminet umbrâ. »

Au sud, ce sont plusieurs étangs, formés par des sources dont on a su ménager ainsi les eaux, pour les peupler de toutes sortes d’excellens poissons, la seule nourriture de ces religieux. Mais ce n’est pas l’unique avantage qu’ils retirent des ruisseaux abondans de ce vallon. Leur maison qui contient un terrain très-étendu, est entourée de murailles fort hautes, flanquées de tours et tourelles de distance en distance, et défendues par des fossés larges et profonds, où vient se décharger le surplus de ces grandes pièces d’eau. Des ponts-levis ferment la principale entrée de la maison et séparent les jardins d’avec les lieux réguliers. Enfin, Textérieur de ce couvent annonee une maison forte et en état de défense, tandis qu’au dedans tout y respire le silence, le recueillement et la piété. L’église qui est voûtée, est extrêmement propre » Le maître-autel est fort beau. Le chœur et ses stalles sont un chef-d’œuvre de menuiserie, presque comparable à celui de la cathédrale de Paris. Le cloître extrêmement long, renferme une quarantaine de cellules accompagnées de toutes les commodités imaginables. Chaque cellule a son petit jardin, son jet d’eau au milieu, et, à côté du laboratoire, une fontaine qui coule sans cesse dans un bassin de pierre, préparé au-dessous pour les besoins domestiques. C’est dans ces agréables réduits, à l’aspect de cette forêt charmante, de ces rochers antiques et voisins des cieux, et dans un silence qui n’est interrompu que par le murmure des eaux, qu’on éprouve