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CHASSILLÉ.

paraît avoir existé aussi un ancien fief à la Finaudière, qui est actuellement un hameau.

hist. civ. L’épithète de coquins, dont on qualifie les habitans de Chassillé, loin d’être une injure, ne fait que perpétuer un des faits les plus honorables de leur histoire. La tradition rapporte que, lors d’une épidémie qui eut lieu dans la contrée, en 1640, la mortalité fut telle, que dans plusieurs fermes il ne resta qu’un seul habitant, quelquefois point ; qu’on renonçait à enterrer les morts, et que l’on refusait même ce dernier devoir à ses parens les plus chers. Un nommé Coquin, pauvre journalier, et sa femme, âgée de 19 ans et enceinte, se dévouèrent a un danger cerlain pour prodiguer tous leurs soins à leurs concitoyens. La mort ne respecta point un si héroïque dévouement : les deux époux périrent, seulement la jeune femme pût mettre au monde une fille que tint sur les fonts baptismaux le prieur-curé Pierre Lombard, qui ne tarda pas lui-même à succomber à ce cruel fléau. On ne sait ce que devint la malheureuse orpheline à qui la femme Coquin donna le jour. Le lieu où l’on enterra les nombreuses victimes que fit cette épidémie, situé à quatre portées de fusil à l’E. N. E. de l’église, porte encore le nom de Champ de la mort.

On raconte que, lors de la retraite des restes de l’armée vendéenne détruite au Mans, le i3 décembre 1793, beaucoup de ces malheureux fugitifs, atteints sur le territoire de Chassillé, ou ramassés dans les fermes où ils se réfugiaient, y furent fusillés.* on en indique jusqu’à 75 dans une seule fosse, et l’on montre encore celle d’un prétendu évêque et celle d’un autre ecclésiastique qui, après avoir offert en vain son bréviaire, son argent et sa montre, à une femme du lieu, pour qu’elle le cachât, voyant venir à lui deux chasseurs de l’armée républicaine, s’agenouilla, et croisant ses bras sur sa poitrine, reçut la mort avec résignation. — Chassillé a été, pendant les guerres de la Chouannerie, le théâtre d’un grand nombre de combats entre les royalistes et les républicains, auxquels prenaient part les habitans, en faisant le coup de feu dans les rangs d’un détachement, de ces derniers, qui resta long-temps cantonné dans la commune. On cite plus de vingt affaires qui eurent lieu sur son territoire, notamment une à la Groye, quatre à la Croix-Billot, une à la Cornillère de Maucartier : cette dernière fut la suite du combat fort sérieux de Livoas, en Amnay, où fut blessé à mort un chef de chouans nommé Saint-Paul. (v. l’article amnay au supplément ; et à la Biographie, l’art. saint-paul). Le général Watrin écrivait le i5 janvier 1795, au représentant du peuple Genissieu :