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LXIV
PRÉCIS HISTORIQUE,

les abbés y envoyaient les leurs sous la conduite d’un avoué ou vidame. La force de ces troupes consistait toute en infanterie ; les leudes les plus riches , et les officiers de leur maison , formaient la seule cavalerie de ce tems : nous verrons plus tard le contraire avoir lieu. Le service du au suzerain par le vassal était à tems et déterminé ; le leude perdait son bénéfice , s’il refusait de marcher lorsque le ban de guerre l’appelait : les hommes libres ou ingénus devaient fournir un soldat par trois manoirs ; les uns devaient se rendre armés de la cuirasse , de la lance et de l’épée ; les autres d’un arc et d’un certain nombre de flèches. L’usage des cuirasses , des casques , de l’arc et des flèches , dont il est parlé dans un capitulaire de Charlemagne , était presque inconnu sous les Mérovingiens. Chaque leude ou suzerain devait fournir sa troupe de vivres et de munitions , ou en faire conduire une quantité déterminée aux magasins généraux ; le butin était la seule paye du soldat i, et l’esclavage attendait le prisonnier de guerre qui n’avait pas ïe moyen de s’en racheter.

Les innombrables châteaux fortifiés , dont les ruines décorent et embellissent encore nos paysages , lors qu’ils n’inspirent plus l’effroi , datent de cette époque où chaque montagne , chaque rocher se couronna de chartres , de bastilles > de fertès , forteresses élevées pour se mettre à l’abri des invasions étrangères et des hostilités intérieures , pour se soustraire à l’autorité royale et à celle des lois , et dont les possesseurs , véritables oiseaux de proie , ne descendaient dans la plaine que pour y porter le ravage et la dévastation. Charles Martel , pour subvenir aux besoins de l’état , confisqua les biens , les bénéfices de ses ennemis , et s’empara de ceux de l’église , qu’il s’aliéna par ce moyen. Pépin son fils , ayant eu un règne plus paisible , put en rendre une parlie et recouvrer en même tems la bienveillance du clergé , qui la lui témoigna ouvertement , en se prêtant à la déposition de Childeric III , et en le plaçant sur le trône de ce fantôme de roi.