Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/231

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un… un… prê… prê… prêtre ; je… je… t’e… t’ex… co… co… communie ; tu… tu… se… seras da… da… damné… » C’était le petit homme qui parlait : et c’était le mari qui le pourchassait à coups de fourche. J’arrive avec beaucoup d’autres ; d’aussi loin que le mari m’aperçut, mettant sa fourche en arrêt : « Approche, approche, » me dit-il.

Le maître.

Et Suzon ?

Jacques.

Elle s’en tira.

Le maître.

Mal ?

Jacques.

Non ; les femmes s’en tirent toujours bien quand on ne les a pas surprises en flagrant délit… De quoi riez-vous ?

Le maître.

De ce qui me fera rire, comme toi, toutes les fois que je me rappellerai le petit prêtre au bout de la fourche du mari.

Jacques.

Ce fut peu de temps après cette aventure, qui vint aux oreilles de mon père et qui en rit aussi, que je m’engageai, comme je vous ai dit…


Après quelques moments de silence ou de toux de la part de Jacques, disent les uns, ou après avoir encore ri, disent les autres, le maître s’adressant à Jacques, lui dit : « Et l’histoire de tes amours ? » — Jacques hocha de la tête et ne répondit pas.


Comment un homme de sens, qui a des mœurs, qui se pique de philosophie, peut-il s’amuser à débiter des contes de cette obscénité ? — Premièrement, lecteur, ce ne sont pas des contes, c’est une histoire, et je ne me sens pas plus coupable, et peut-être moins, quand j’écris les sottises de Jacques, que Suétone quand il nous transmet les débauches de Tibère. Cependant vous lisez Suétone, et vous ne lui faites aucun reproche. Pourquoi ne froncez-vous pas le sourcil à Catulle, à Martial, à Horace, à Juvénal, à Pétrone, à La Fontaine et à tant d’autres ? Pourquoi ne dites-vous pas au stoïcien Sénèque : Quel besoin avons-nous de la crapule de votre