Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, I.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XLV.

Platon considérait la Divinité sous trois aspects, la bonté, la sagesse et la puissance. Il faut se fermer les yeux pour ne pas voir là la Trinité des chrétiens. Il y avait près de trois mille ans que le philosophe d’Athènes appelait Logos (λογὸς) ce que nous appelons le Verbe.

XLVI.

Les personnes divines sont, ou trois accidents, ou trois substances. Point de milieu. Si ce sont trois accidents, nous sommes athées ou déistes. Si ce sont trois substances, nous sommes païens.

XLVII.

Dieu le père juge les hommes dignes de sa vengeance éternelle : Dieu le fils les juge dignes de sa miséricorde infinie : le Saint-Esprit reste neutre. Comment accorder ce verbiage catholique avec l’unité de la volonté divine ?

XLVIII.

Il y a longtemps qu’on a demandé aux théologiens d’accorder le dogme des peines éternelles avec la miséricorde infinie de Dieu ; et ils en sont encore là.

XLIX.

Et pourquoi punir un coupable, quand il n’y a plus aucun bien à tirer de son châtiment ?

L.

Si l’on punit pour soi seul, on est bien cruel et bien méchant.

LI.

Il n’y a point de bon père qui voulût ressembler à notre père céleste.

LII.

Quelle proportion entre l’offenseur et l’offensé ? quelle proportion entre l’offense et le châtiment ? Amas de bêtises et d’atrocités !