Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/422

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hideuse étendue sur la terre humide et malsaine et recelée avec la frayeur dans le fond d’un antre sauvage.


CHAPITRE IX.


Page 49. — Rousseau s’est dit à lui-même : Les hommes, en général, sont paresseux, par conséquent ennemis de toute étude qui les force à l’attention. Les hommes sont vains, par conséquent ennemis de tout esprit supérieur. Les hommes médiocres enfin ont une haine secrète pour les savants et pour les sciences. Que j’en persuade l’inutilité, je flatterai la vanité du stupide, je me rendrai cher aux ignorants, je serai leur maître, eux mes disciples, et mon nom, consacré par leurs éloges, remplira l’univers, etc.

Rousseau ne s’est point dit tout cela, vous le calomniez ; ce n’est point un méchant par système, c’est un orateur éloquent, la première dupe de ses sophismes.

Quelle que soit la révolution qui se fasse dans les esprits, jamais Rousseau ne tombera dans la classe des auteurs méprisés. Il sera parmi les littérateurs ce que sont parmi les peintres les mauvais dessinateurs, grands coloristes.


CHAPITRE X.


Page 53. — Dans le même chapitre où je lis un reproche que les hommes de lettres ont mérité, celui d’avoir adulé les tyrans, je lis le nom de Frédéric accolé à celui d’Antonin.

Frédéric a irrité tous les poëtes, philosophes, orateurs et savants de l’Allemagne par ses mépris.


CHAPITRE XI.


Page 54. — Les nations sont barbares lorsqu’elles fondent des empires, et c’est lorsqu’elles reviennent à la barbarie que les empires se dissolvent[1].

Ces deux instants de barbarie ne sont que deux dates, l’une de l’origine, l’autre de la fin. Si les peuples qui attaquèrent de tous côtés l’empire romain n’avaient pas été barbares, sa destruction aurait été bien plus rapide. Si les Romains n’étaient pas

  1. Cette phrase n’est point une citation textuelle.