Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/424

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ibid. — Les méchants comme les bons sont susceptibles d’amitié.

Cela se peut. Cependant j’ai de la peine à concevoir une véritable amitié entre les méchants : le méchant ne voit guère dans la mort de son ami que la perte d’un confident de ses forfaits. Deux méchants doivent se craindre et ne peuvent guère s’estimer.

Page 63. — On voit des enfants enduire de cire chaude des hannetons, des cerfs-volants, les habiller en soldats, et prolonger ainsi leur mort pendant deux ou trois mois. En vain dira-t-on que ces enfants ne réfléchissent point aux douleurs qu’éprouvent ces insectes. Si le sentiment de la compassion leur était aussi naturel que celui de la crainte, il les avertirait des souffrances de l’insecte, comme la crainte les avertit du danger à la rencontre d’un animal furieux.

La commisération ne me paraît guère moins naturelle que la crainte. L’une suppose la connaissance de la douleur, l’autre la connaissance du péril.

Page 67. — Quelques officiers veulent des soldats automates.

Quelle en est la cause ? Ne serait-ce pas qu’aujourd’hui la discipline sert plus que l’intelligence et le courage ? Je crois que le général se soucie beaucoup d’être obéi et craint fort peu d’être jugé.


SECTION VI.


CHAPITRES III À XVIII INCLUSIVEMENT.


Page 121. — L’auteur a tellement compliqué la question du luxe, qu’après avoir lu tout ce qu’il en dit, on n’en a guère des notions plus nettes.

Je donne le nom de luxe à tout ce qui est au delà des besoins nécessaires, relativement au rang que chaque citoyen occupe dans la société.

D’après cette définition l’histoire du luxe me paraît écrite en gros caractères au-dessus des portes de toutes les maisons de la capitale.

Je divise, relativement au luxe, les citoyens en trois classes : des riches, des aisés et des pauvres.

Il n’y a point de luxe chez le riche, s’il n’accorde à ses