Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/481

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y réfléchissaient bien, ils verraient que leur mort, presque infaillible, est toujours la récompense de leur bassesse.


LII.

Susciter beaucoup de petits appuis contre un appui trop fort et dangereux ; cela me paraît prudent.


LIII.

Quand on a été conduit au trône par une Agrippine, la reconnaissance de Néron. Il n’y a pas à balancer. Reste à savoir si un trône est d’un assez grand prix pour devoir être conservé par un parricide. On n’en couronne guère un autre qu’à la condition de régner soi-même ; et voilà la raison de tant de disgrâces qui suivent les révolutions. On appelle le souverain ingrat, tandis qu’il fallait appeler le favori disgracié, homme despote.


LIV.

Quand on ne veut pas être faible, il faut souvent être ingrat ; et le premier acte de l’autorité souveraine est de cesser d’être précaire.


LV.

Faire sourdement ce qu’on pourrait faire impunément avec éclat, c’est préférer le petit rôle du renard à celui du lion.


LVI.

Rugir quelquefois, cela est essentiel ; sans cette précaution, le souverain est souvent exposé à une familiarité injurieuse.


LVII.

Accroître la servitude sous le nom de privilège ou de dispenses ; c’est, dans l’un et l’autre cas, dire de la manière la moins offensante pour le favorisé et la plus injuste pour toute la nation, qu’on est le maître. Toute dispense est une infraction de la loi ; et tout privilège est une atteinte à la liberté générale.