Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/482

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LVIII.

Attacher le salut de l’État à une personne ; préjugé populaire, qui renferme tous les autres. Attaquer ce préjugé, crime de lèse-majesté au premier chef.


LIX.

Tout ce qui n’honore que dans la monarchie, n’est qu’une patente d’esclavage.


LX.

Souffrir le partage de l’autorité, c’est l’avoir perdue : Aut nihil, aut Cæsar. Aussi le peuple ne choisit ses tribuns que parmi les patriciens.


LXI.

Se presser d’ordonner ce qu’on ferait sans notre consentement ; on masque au moins sa faiblesse par cette politique. Ainsi, proroger le décemvirat avant qu’Appius Claudius le demande.


LXII.

Un État chancelle quand on en ménage les mécontents. Il touche à sa ruine quand la crainte les élève aux premières dignités.


LXIII.

Méfiez-vous d’un souverain qui sait par cœur Aristote, Tacite, Machiavel et Montesquieu.


LXIV.

Rappeler de temps en temps leurs devoirs aux grands, non pour qu’ils s’amendent, mais pour qu’on sache qu’ils ont un maître. Ils s’amenderaient peut-être, s’ils étaient sûrs d’être châtiés toutes les fois qu’ils manquent à leurs devoirs.