qui se trouvent gravées dans le cœur de tous les hommes ? Une religion fondée sur ces notions simples ne trouverait point d’incrédules ; elle ne ferait qu’un seul peuple de tous les hommes ; elle ne couvrirait pas la terre de sang dans des temps d’ignorance, et ne serait pas un fantôme méprisé dans les siècles éclairés. Mais ce ne sont pas des philosophes qui ont fait les religions ; elles sont l’ouvrage d’ignorants enthousiastes, ou d’égoïstes ambitieux.
Croyez-vous aux histoires qui rapportent la révélation ?
Pas plus qu’à Hérodote ou à Tite-Live, lorsqu’ils me racontent des miracles.
Croyez-vous aux témoignages dont on l’appuie ?
J’admets pour un moment l’authenticité de ces témoignages : quelle force auront-ils contre les notions les plus claires et les plus évidentes ?
Que croyez-vous de l’âme ?
Je ne parle pas de ce que je ne puis connaître.
De son immortalité ?
Ne connaissant pas son essence, comment puis-je savoir si elle est immortelle ? Je sais que j’ai commencé, ne dois-je pas présumer de même que je finirai ? Cependant l’image du néant me fait frémir ; j’élève mon esprit à l’Être suprême, et je lui dis : Grand Dieu, toi qui m’as donné le bonheur de te connaître, ne me l’as-tu accordé que pour en jouir pendant quelques jours passagers ? Vais-je être replongé dans cet horrible gouffre du néant, où je suis resté enseveli depuis la naissance de l’éternité jusqu’au moment où ta bonté m’en a tiré ? Si tu pouvais te rendre sensible au sort d’un être qui est l’ouvrage de tes mains, n’éteins pas le flambeau de la vie que tu m’as donnée ; après avoir admiré tes merveilleux ouvrages dans ce monde, fais que dans un autre je puisse être ravi dans la contemplation de leur auteur.