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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, III.djvu/14

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Mais pour bien apprécier les mœurs et le caractère du philosophe romain, pour bien juger les reproches qu’on lui a faits, Diderot dut pénétrer dans l’histoire des empereurs romains, et il fut ainsi amené à tracer le tableau le plus animé des règnes de Claude et de Néron.

« Quoique cet éloquent Essai soit l’ouvrage de la vieillesse de l’auteur, on voit qu’il reproduisit, dans toute sa force, le génie mâle des anciens historiens.

« Ce qui, surtout, est digne de remarque, c’est que malgré l’enthousiasme qu’il a répandu dans son apologie de Sénèque, il ne lui passe ni ses défauts, ni ses erreurs les plus légères ; 11 le redresse avec le courage et la franchise d’un ami.

« L’Essai sur la vie de Sénèque le philosophe, sur ses écrits et sur les règnes de Claude et de Néron, parut au mois de décembre 1778[1].

« Ce frontispice[2], dit Marmontel, manquait à la collection des œuvres de Sénèque, traduites par La Grange. Un des écrivains les plus célèbres de notre siècle a bien voulu en décorer l’ouvrage de son ami, et le plus précieux monument qui nous reste de la philosophie ancienne s’est vu dignement couronné. »

« Mais Diderot avait parlé de la vertu, comme un homme qui en connaissait la douceur et la dignité ; pouvait-il éviter la haine et le mépris des frelons de notre littérature ?

« Aussi l’Année littéraire, que Voltaire appelait souvent avec raison l’Ane littéraire ; le Journal de littérature, de M. l’abbé Grosier ; l’abbé Royou, dans le Journal de Monsieur, et le Journal de Paris se déchaînèrent avec violence contre l’éloquent apologiste de Sénèque.

« Diderot avait préparé une réponse à ces critiques ; mais le ton injurieux et la mauvaise foi des aristarques lui inspirèrent un tel dégoût» qu’il renonça à la publier. Il se borna à insérer, dans la seconde édition[3] publiée en 1782, sous ce titre : Essai sur les règnes de Claude et de Néron, et sur les mœurs et les écrits de Sénèque, pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe, une partie de la défense de Sénèque et de son apologiste, que Marmontel avait donnée dans les Mercure des 15 et 25 décembre 1778, et quelques répliques aux attaques qui pouvaient prêter aux éclaircissements les plus curieux.

« Nous avons indiqué, par des notes, les journaux d’où ces objections étaient tirées. Quant aux invectives de l’abbé Royou, dans le Journal de Monsieur, nous n’avons pu les indiquer. Ce journal a obtenu si peu de succès dans le temps, que le recueil n’en a point été conservé ;

  1. Il porte cependant la date do 1779. (Br.)
  2. Ce frontispice forme, contrairement à l’habitude des frontispices, le septième et dernier volume de l’édition de Sénèque de 1778.
  3. Cette édition, presque douljle de la première, parut en deux volumes in-8° et in-lC. Londres (Douillon).